• A Draa Ben Khedda les anciens des domaines autogérés résistent depuis 20 ans à la restitution des terres, confisquées en 1963, aux descendants des collaborateurs du colonialisme

    mardi 13 novembre 2012 
    par  Alger républicain 

    Les bachagas et leurs maîtres au début du 20<sup class="typo_exposants">e</sup> siècleCinquante années après l’indépendance les enfants de collaborateurs sévissent. Comme leurs parents durant la période du colonialisme ils utilisent la force, la corruption, détournent la loi et arrivent à mettre l’administration à leur service.

    C’est ce qui se passe à Oued Fali localité à cheval sur trois communes, Tizi Ouzou, Draa Ben Khedda et Tirmitine. Localité où les Smaïl, trois caïds, un bachagha et un député ont exploité, sans partage jusqu’à la fin du colonialisme, un territoire de 2000 hectares. Tout juste au moment de l’indépendance, certains d’entre eux s’étaient sauvés en France, pour échapper à la vindicte populaire, assurent les citoyens. D’autres étaient restés.

    En 1963 leurs terres, c’est-à-dire, les 2000 hectares, furent nationalisées dans le cadre d’une loi spéciale qui mit sous l’autorité de l’État les terres de ceux qui ont collaboré avec le colonialisme. Cela a permis la création des domaines autogérés. Ainsi les 2000 hectares, devenus propriété de l’État, ont pris le nom de ‘’Domaine Hamdani Amar ‘’ jusqu’à 1987, date à laquelle les domaines autogérés agricoles ont connu une restructuration (opération ayant pour but véritable de désagréger les terres de l’État pour amoindrir la résistance des travailleurs agricoles au projet de privatisation), au même titre que les coopératives agricoles créées dans le cadre de la révolution agraire. Cette restructuration a morcelé leurs terres en petites parcelles exploitées de manière collective (EAC) ou individuelle (EAI). Les 2000 hectares du domaine ont été restructurés en 1988 en douze EAC sans compter les attributions individuelles en EAI.

    C’est le début des reformes qui ont conduit à la destruction de l’économie nationale. A son arrivée au gouvernement, Hamrouche a étendu ces réformes aux autres secteurs de l’économie en allant jusqu’à la restitution des terres nationalisées (loi foncière de novembre 1990) dans le cadre de la révolution agraire.

    L’histoire racontée par les fellahs des EAC et EAI issues de la restructuration du Domaine Hamdani Amar montre à quel point ces reformes ont conduit jusqu’au reniement des idéaux pour lesquels un million cinq cent mille (1 500 000) Algériens ont donné leur vie de 1954 à 1962, idéaux que d’autres millions d’Algériens se sont attelés à concrétiser, après l’Indépendance, au prix de grands sacrifices. 
    Nous sommes partis à leur rencontre suite à des informations de presse aussi lapidaires que vagues et imprécises. Mais l’intuition s’imposait qu’il s’agissait d’une affaire qui remettait en cause les principes de la révolution nationale algérienne. Après quelques recherches, la rencontre a pu se faire avec huit paysans de ces coopératives qui tiennent tête courageusement depuis maintenant 20 ans à l’alliance des autorités avec les descendants des collaborateurs nationalisés en 1963.

    Profitant du climat de peur instauré par le terrorisme, des pressions avaient été exercées pour restituer dans l’illégalité la plus totale les terres qui avaient été arrachées à l’emprise des collaborateurs de la colonisation. Le Wali de Tizi Ouzou prend en 1992 un arrêt de restitution alors qu’aucun texte ne l’autorisait à le faire.

    En plein terrorisme, en septembre 1995 plus exactement, pendant que les paysans cherchaient à se protéger des tueurs du FIS-GIA-AIS, Zeroual promulgue en catimini une Ordonnance qui autorise la restitution de ces terres sur l’ensemble du territoire national. La décision passe inaperçue, étant donné que la priorité était de faire face aux escadrons de la mort organisés sous la bannière de la religion, sauf pour ceux qui, du jour au lendemain, sont sommés d’évacuer les terres sur lesquelles ils ont grandi et qu’ils ont arrosées de leur sueur. A quelle logique obéissait la décision de Zeroual ? Obtenir les appuis des nostalgiques de la féodalité et de la collaboration ? Montrer aux gens du FIS que lui et ceux qui l’avaient placé à la tête de l’État étaient eux-aussi des partisans convaincus de la restitution de toutes les terres nationalisées après l’indépendance ?

    Le terrorisme camouflé sous l’étendard de l’Islam a bien assumé sa fonction de bras armé de la contre-révolution.

    L’arrêté du wali de Tizi Ouzou est en principe frappé de nullité. Aucune justice ne devrait condamner des citoyens qui ne reconnaissent pas un acte dont l’illégalité est aussi flagrante. Aucun tribunal ne devrait donner suite aux requêtes des descendants des caïds nationalisés en 1963. Pour donner un semblant de légalité à un arrêté scélérat, les autorités devraient en prendre un autre en application de l’Ordonnance de Zeroual . Mais aucun wali n’ose le faire parce qu’il ne veut pas prendre la responsabilité d’endosser un forfait devant l’histoire. Alors on fait comme si le droit n’était pas du côté des travailleurs ou des enfants des travailleurs qui ont exploité ces terres depuis 1963.

    On notera que les gros propriétaires fonciers avaient appuyé leurs pressions pour reprendre les terres qui leur avaient été confisquées par « l’engagement solennel » de mieux travailler la terre, qui auraient été « délaissées » par les attributaires, et de faire baisser les prix des produits agricoles. Ils avaient même promis la pomme de terre à 2 dinars ! Chacun peut constater de visu que les gens qui ont repris une partie des terres du domaine Hamdani Amar se sont dépêchés de les louer à des marchands de carrosserie d’occasion. Les terres restituées abritent aujourd’hui la plus grande casse de voitures d’Algérie, une casse qui s’étend sur des kilomètres, des deux côtés de la route !

    AR

     

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  • L'Algérie est un pays subjugué par le mythe de la nation arabe, car c'est au nom de l'arabisation que l'on réprime le tamazight. En Algérie, comme dans le monde entier, on croit que l'arabe est la langue des Algériens.

     

    Pourquoi je ne suis pas musulman (1989), ibn warraq, éd. age de l'homme, 1999, p. 264 Kateb Yacine

     

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  •  Aujourd’hui, les fervents adeptes du maraboutisme en Kabylie semblent saisis de stupeur, en proie à une terrible inquiétude d’être montré dans leur vraie nature de derniers héritiers d’une lignée esclavagiste séculaire ! De fervents légats auto missionnés pour une croisade musulmane contre de supposés apostats kabyles alors que leur inconscient les révèle comme les représentants nostalgiques d‘une secte, violement gagnés par un « Spleen et idéal », une sensation déchirante d’un paradis perdu, d’une grandeur passée ayant fait la gloire esclavagiste de leurs aïeuls !
     

    Une aisance matérielle de chefs, aujourd’hui sérieusement menacée, construite sur la manipulation maraboutique des Textes pour asservir de pauvres bougres kabyles auxquels leurs ancêtres n’ont jamais daigné apprendre les Écritures pour les maintenir dans l’ignorance, dans la peur absurde du sacré, faisant du pauvre vieux paysan kabyle leur serviteur obligé, privant ses enfants et toute sa famille des meilleures cerises, des figues fraîches et sèches charnues, des plus succulentes grappes de raisins blancs, rouges et noires qu’aucune abeille n’avait encore abîmé ou encore cette huile d‘olive dorée de la Haute et verte de la Basse Kabylie, seule remède à ses courbatures nocturnes,… et, tout cela, transporté à dos d’âne ou sur le sien, faute du luxe de posséder cette bête de somme, pour aller les offrir au cheikh Si Ahmed ou Si M’hand de leurs villages, avec prière d’attendre indéfiniment au seuil de la porte du « saint » homme pour prétendre récolter un peu de sa « baraka ».

    Faut-il rappeler que si leurs aïeuls, et même leur descendance aujourd’hui d’ailleurs, préservaient et gardaient jalousement tout le monopole sur la connaissances des Textes, c’était pour ne jamais prendre le risque d’ébranler leurs positions de maîtres devant l’éternel fidèle serviteur Kabyle, délibérément maintenu dans l’exclusion totale des connaissances qui l’auraient sans aucun doute conscientisé et lui permettant de se rendre compte de sa condition d’esclave. Et si le pauvre serf est frappé d’un quelconque malheur, par trop de peine et de labeur, il trouve toujours un « taleb » pour exorciser Satan de son corps possédé contre acquittement rarement en espèce, car étant le plus souvent pauvre, mais en nature.

    Aujourd’hui, l’on dégaine à tout bout de champs contre la descendance kabyle qui ose dire non ! les traitant de tous les qualificatifs du « Koufre » pour avoir osé remettre en cause l’ordre séculier superstitieux du maraboutisme en Kabylie ! S’ils prétendent défendre l’islam, leur inconscient, lui, les montre comme de farouches adeptes d’une secte en pleine désuétude !

    Faut-il, encore, que je rappelle par quels moyens leur tributs « saintes » (iderman) continuent à soutirer des milliards de dinars aux pauvres femmes kabyles par l’appât de la célébration annuelle des mausolées de « Akkal Avarkane, Si M’hand Ou l’Hadj, Sidi Moh d’Ouamar,… » ? Mais un gain pécuniaire se rétrécissant comme une peau de chagrin à mesure que nos femmes trouvent d’autres destinations plus scientifiquement thérapeutiques que la perte de leur argent dans celles, superstitieuses et inutiles, de leur tourisme religieux vers de faux lieux sacrés. Et à mesure qu’ils sentent leur héritage de maître menacé et, se prétendant comme musulmans, mais pris d’une folle panique « sectuelle » , ils tirent sur quiconque ose mettre sous ses pieds leur « laanaya », et qui ose leur crier aussi : « aujourd’hui, je n’ai plus de jougs aliénants. Je suis libre ! ».

    C’est aux Kabyles de leur demander des comptes pour avoir berné, pendant des siècles, leurs grands et arrières grands parents, par une interprétation irrationnelle du Texte, déphasant le vieux et la vieille kabyles en les transportant dans une vision exclusivement superstitieuse et pseudo fataliste de leur misérable vie de serviteurs paysans naïfs !

    Par Timecriwect

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  • La fontaine du roi, mythe ou réalité ?

    Qui n’a pas entendu parler au moins une seule fois de la fontaine du roi, la célèbre fontaine de Mechtras ? Voulant vérifier si vraiment il y’a eu un roi à Mechtras, nous avons décidé d’effectuer une simple virée du côte de cette localité où nous avons rencontré M. Halalel, un fin connaisseur de l’histoire de toute cette région et bien sûr de la célèbre fontaine du roi que les locaux appellent couramment “Tala Ouglid”. Notre interlocuteur nous révélera les secrets enfouis de celle-ci dans un langage simple mais révélateur : “Dans le temps, personne à mon sens ne connaissait la date exacte de cet événement mais l’on s’accorde à dire que l’histoire remonte à l’époque d’avant J.C. Il y’avait un roi à Boghni mais comme dans cette région le manque d’eau était de mise, on lui proposa alors d’élire domicile dans une localité avoisinante où ce précieux liquide existait en abondance. Cette contrée n’est autre que la petite vallée de Mechtras connue effectivement pour la disponibilité de cette précieuse denrée mais aussi pour la fertilité de son sol. Ce roi qui s’appelait “RAS” d’où l’appellation de cette localité “Mechtras” a donc définitivement opté pour habiter tout près de la dite fontaine où il décida d’édifier son château. En arrivant, le roi trouva une énorme roche en or massif où il sculpta le pied de sa fiole comme les Kabyles dans le temps ne connaissaient pas l’or et ne l’utilisaient même pas car la valeur est accordée surtout à l’argent, ce qui conforte aujourd’hui cette thèse, d’ailleurs, les Kabyles sont surtout connus pour le travail du bijou en argent”. En 1800, avec l’arrivée des Français et avec eux les Marocains, on découvrit l’énorme trésor “la fameuse roche d’or” de la fontaine du roi. Nous comprenons aisément l’empressement des Français à vouloir s’approprier cette roche et pour la transporter, ils firent venir des Marocains pour accomplir cette noble mission. L’étonnement des Marocains fut grand, alors, ils traitèrent les habitants de tête de vache en leur disant dans un arabe dialectal : “Entouma ya bni Mechras, ya rissan Lebgar taâfsou âla edheb, Hsebtouh Hdjar !”

    H. Taïb

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  • Veillée d'armes en Kabylie

     LE MONDE | 05.07.2004 à 12h13

    Un jour sec et froid se lève sur Ighil Imoula, un bourg de Kabylie accroché aux contreforts du Djurdjura, le 27 octobre 1954. Le garde champêtre, un des rares habitants du village à être "du côté des Français", n'entend pas la ronéo qui tourne à plein régime chez l'épicier Idir Rabah. C'est là qu'est tiré, à plusieurs centaines d'exemplaires, le texte de la proclamation du Front de libération nationale, daté du 1er novembre, appelant à l'insurrection contre la France. Le stencil a été apporté d'Alger et pris en charge à partir de Tizi Ouzou par des militants.

    Le dimanche suivant, 31 octobre 1954, il fait un temps gris sur la montagne kabyle, et Krim Belkacem pense à l'hiver qui s'annonce. Et à ce que les maquisards, ses hommes, vont devenir. A de rares exceptions près, aucun d'entre eux n'a jusqu'ici réellement vécu en clandestin. Vers 10 heures du matin, un messager emporte six petites lettres griffonnées de son écriture fine. Le même message, pour les six chefs de région : "Ordre de passer à l'exécution des plans arrêtés ensemble. Début des opérations : cette nuit à partir de 1 heure du matin. Respecter strictement les consignes : ne tirer sur aucun civil européen ou musulman. Tout dépassement sera sévèrement réprimé. Bonne chance et que Dieu vous aide. Fraternellement, Si Rabah." "Si Rabah" est le pseudonyme de Krim Belkacem, qui tient le maquis en Kabylie depuis de nombreuses années.

    Toute la région est acquise, massivement, aux idées du Parti du peuple algérien (PPA), la principale formation indépendantiste dirigée par Messali Hadj. La seconde guerre mondiale et l'interdiction du PPA en 1939, l'arrestation de ses principaux dirigeants, l'emprisonnement de Messali Hadj au bagne de Lambèse en 1941 n'ont pas entamé l'ardeur combative des montagnards de Kabylie, vieille terre de dissidence contre le pouvoir central.

    Depuis leurs bastions montagneux couverts de forêts, les habitants de la Grande et de la Petite Kabylie ont défié successivement Carthage, Rome, Byzance, les cavaliers arabes et la France. On les appelle les Berbères - "Barbares" de l'époque romaine -, eux s'appellent Imazighen, "hommes libres". Leur histoire remonte à plus de 4 000 ans av. J.-C., époque où les premiers combats entre "Libyens" et Egyptiens sont notés par les scribes. La Berbérie est alors une terre d'attraction pour tous les peuples occidentaux et orientaux. Le nom "hommes libres", à lui seul, traduit une mentalité, une volonté de refus et d'indépendance maintenue depuis des siècles.

    C'est là qu'a éclaté, en 1871, le dernier grand soulèvement contre la domination française. Située dans une position centrale et dominante, lui permettant de tenir sous le canon nombre de crêtes, Fort National (aujourd'hui Larbaa Naït Iraten), créée en 1857 sur le territoire de la puissante et guerrière tribu des Aït Iraten, avait tenu tête aux troupes françaises pendant deux mois. En 1950, avec 15 028 habitants, elle constitue la seconde grande ville kabyle après Tizi Ouzou et demeure l'âme de la résistance contre les Français.

    La géographie parle. Dans le Djurdjura, les villages de crêtes aux maisons entassées, difficiles d'accès, sont autant de forteresses. Les populations des plaines s'y sont repliées, ce qui explique des densités pouvant atteindre 150, voire 200 habitants au kilomètre carré. La vie en Grande Kabylie est difficile, les ressources rares. Outre les cultures traditionnelles - l'olivier et le figuier -, poussent sur les frênes, telle une "véritable prairie aérienne", les vignes grimpantes qui montent à l'assaut des troncs. Au pied des arbres s'étalent des cultures, céréales, légumes, ainsi que le tabac. En Petite Kabylie, c'est la forêt qui fournit le complément de ressources indispensable avec l'élevage du bétail, la farine de gland, le bois de chauffage.

    Des emplois réguliers existent avec l'exploitation du bois d'œuvre, de la bruyère et du liège. Mais l'envers de cette situation, c'est aussi la progression du dénuement, de la misère. Cette misère, Albert Camus en a rendu compte en 1939, dans une série d'articles parus dans Alger républicain. A cette époque, 40 % des familles kabyles vivent avec moins de 100 francs par mois. En 1945, cette fois dans Combat, il proteste à nouveau, car à la misère s'est ajouté le marché noir auquel se livrent "des colons inconscients et des féodaux indigènes". Dans cet univers marqué par l'enfermement social et par l'atteinte à la dignité humaine, les désirs d'exil sont grands.

    La Kabylie est un fief du mouvement nationaliste. La parole indépendantiste a été portée très tôt, dans la France de l'entre-deux-guerres, par les immigrés algériens - dont la plupart sont kabyles. Au nombre de 80 000 environ, la plupart travaillent dans les usines de la région parisienne, de la région lyonnaise ou du nord de la France, bassins industriels dévastés après la première guerre mondiale qui ont besoin d'une importante main-d'œuvre immigrée. Le recrutement des travailleurs algériens dans la France des années 1920-1930 s'est effectué brutalement, par déplacement de populations prélevées le plus souvent parmi les membres de collectivités tribales démantelées. Et la Kabylie, précisément, a été durement touchée par ce processus de dépossession des terres. Laissant femmes et enfants au pays, ce sont des hommes seuls, paysans déclassés, qui sont arrivés en France, ne vivant là que pour retourner un jour dans la ville, le douar, la campagne d'origine.

    Les Kabyles étant les plus nombreux en situation d'exilés, il n'est donc pas étonnant de les trouver en position de force dans la première organisation indépendantiste, l'Etoile nord-africaine (ENA). Fondée à Paris en 1926 avec le soutien actif du Parti communiste français (PCF), l'association affirme que "son but fondamental est la lutte pour l'indépendance totale de chacun des trois pays : Tunisie, Algérie et Maroc, et l'unité de l'Afrique du Nord". L'ENA, qui est alors le seul mouvement à réclamer ouvertement l'indépendance de l'Algérie, compte dans ses rangs de nombreux Kabyles. Le paradoxe veut qu'elle soit dirigée par un homme de Tlemcen, ville située dans l'ouest du pays, loin de la Kabylie : Messali Hadj, né en 1898 dans une famille d'artisans et de cultivateurs. Dissoute en novembre 1929 par le gouvernement français, l'Etoile nord-africaine est accusée de propagande subversive contre la France. Elle regroupe alors 3 600 militants.

    En juin 1933, l'ENA se reconstitue. Ses nouveaux statuts interdisent la double appartenance avec le PCF. Les immigrés algériens décident de construire leur propre route. Les principaux lieutenants de Messali Hadj sont originaires de Kabylie. Ils soutiennent le Front populaire, mais sont très vite déçus par son attitude à l'égard du problème colonial. L'ENA s'oppose au fameux projet Blum-Viollette qui vise à accorder l'égalité politique à une faible proportion de la population algérienne (environ 21 000 personnes, titulaires de certains diplômes, de certains grades ou distinctions militaires). Elle compte près de 5 000 adhérents - dont beaucoup de Kabyles - lorsqu'elle est dissoute une seconde fois, en 1937.

    Cette dissolution clôt une période et en ouvre une autre. Même si c'est encore en France que, le 11 mars 1937, Messali Hadj annonce devant 2 000 immigrés qu'il vient de déposer avec Abdallah Filali les statuts du nouveau Parti du peuple algérien (PPA), le centre de gravité de la lutte politique se déplace. Le transfert du siège de la nouvelle organisation à Alger, à l'été 1937, indique bien plus qu'un simple déplacement géographique. Désormais, priorité est donnée à l'action politique sur le sol algérien même ; les militants immigrés en France vont être progressivement relégués au rang de force d'appoint. Le poids politique des Kabyles s'amenuise, ce qui se verra pendant la crise qui va les opposer en 1948-1949 au reste de l'organisation, rebaptisée Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) après la seconde guerre mondiale.

    EN France, de nombreux dirigeants originaires de Kabylie sont éliminés de la direction du mouvement, mais il n'en est pas de même en Algérie. De prestigieux chefs du mouvement nationaliste algérien sont originaires de Kabylie, comme Hocine Aït Ahmed, le responsable de l'Organisation spéciale, la branche armée du MTLD en 1948, Amirouche, redoutable chef de guerre pendant la guerre d'Algérie, ou Abane Ramdane, âme du premier congrès du FLN en 1956.

    Mais, en 1954, le dirigeant le plus connu, le plus prestigieux, est Krim Belkacem. Né le 14 décembre 1922 au douar Aït Yahia Moussa, près de Draa El-Mizan, il est le fils d'un garde champêtre. Il fréquente l'école Sarrouy à Alger et y obtient son certificat d'études. Le 1er juillet 1943, il entre dans l'armée en devançant l'appel de sa classe. Nommé caporal-chef au 1er régiment de tirailleurs algériens, il est démobilisé le 4 octobre 1945 et revient vivre a Draa El-Mizan, où il occupe le poste de secrétaire auxiliaire de la commune. Ce jeune homme de 23 ans se découvre lui-même, en même temps qu'il appréhende la misère sociale. Plongé dans une réalité où les douleurs sont muettes, il adhère au PPA.

    Au début de l'année 1946, il implante des cellules clandestines dans douze douars autour de Draa El-Mizan qui comptent plusieurs centaines de militants et sympathisants. En mars 1947, accusé d'avoir tué un garde forestier, il est pourchassé et décide de passer dans la clandestinité. Il déterre une mitraillette (une Sten anglaise, qui deviendra vite célèbre en Kabylie) et prend le maquis, suivi par quelques fidèles.

    Un des premiers maquis d'Algérie vient de naître, créé par un jeune homme de bonne famille, à peine âgé de 25 ans. La légende de Krim Belkacem, maquisard insaisissable, futur "chef historique" du FLN, futur négociateur à Evian de l'indépendance de l'Algérie, commence. Avec son crâne dégarni parfois coiffé d'un béret, on le voit, trapu et courtaud, "inspectant" la Kabylie vêtu d'un treillis kaki. Il déploie une énergie impressionnante, se déplaçant sans cesse, donnant ses ordres avec son accent rocailleux, s'informant de tout.

    Deux fois condamné à mort par les tribunaux français, en 1947 et en 1950, il devient responsable du PPA-MTLD pour toute la Kabylie, et, à la tête des 22 maquisards qui composent son état-major, il multiplie les contacts directs avec les militants et la population. Son plus proche collaborateur est Omar Ouamrane.

    Dans la crise du MTLD, en 1948-1949, il a décidé les cadres de Kabylie à soutenir le point de vue de Messali Hadj contre le comité central, tout en prônant la lutte armée. Le 9 juin 1954, Krim rencontre, à Alger, Ben Boulaïd, puis Boudiaf et Didouche, qui parviennent à le convaincre de la nécessité d'une troisième force. Il rompt avec Messali Hadj en août 1954. Devenu le sixième membre de la direction intérieure du FLN, il est l'un des "six chefs historiques" qui décident le déclenchement de l'insurrection contre la France.

    Dans une ultime réunion à Alger, le 24 octobre 1954, avec les cinq autres responsables de l'insurrection, Mohamed Boudiaf, Mostefa Ben Boulaïd, Rabah Bitat et Larbi Ben M'hidi, Krim insiste pour que l'ordre de n'attaquer aucun civil européen sur tout le territoire soit respecté. Il y tient d'autant plus qu'il sait, après son attentat contre le garde forestier, combien une erreur de ce genre peut être catastrophique sur le plan de la propagande politique. Il recommande le "spectaculaire": attaquer des gendarmeries, des casernes, couper des routes, incendier et détruire des objectifs économiques.

    A la veille du 1er novembre 1954, le responsable de la zone de Kabylie, inquiet et nerveux, ne dort que trois ou quatre heures par nuit, par terre, à même le sol, sur un matelas recouvert d'une épaisse couverture artisanale. Il songe à un avenir digne pour l'Algérie...

    Sa vie, par la suite, résume les espoirs immenses, et les désillusions cruelles, que connaîtra l'Algérie des combats nationalistes. Krim, devenu ministre des forces armées, dominera un temps le FLN-ALN, en 1958-1959. Nommé ministre des affaires étrangères (1960) puis de l'intérieur (1961), son rôle militaire et politique est en fait déclinant lorsqu'il entame les négociations avec la France, à Evian. Dès l'indépendance de l'Algérie, en juillet 1962, il désapprouve la politique de Ben Bella et se retrouve écarté de la vie politique. Après le coup d'Etat du 19 juin 1965, il repasse dans l'opposition. Accusé d'avoir organisé un attentat contre le colonel Boumediène, il est condamné à mort par contumace. Krim Belkacem est découvert assassiné, en octobre 1970, dans une chambre d'hôtel à Francfort.

    Se brouille, puis disparaît de l'histoire officielle, l'image du maquisard. Réhabilité à titre posthume, Krim Belkacem a été enterré au "carré des Martyrs" d'Alger, le 24 octobre 1984.

    L'Histoire a ainsi placé la République au cœur des inévitables tensions entre les libertés individuelles et les libertés collectives, entre la recherche légitime du profit et la quête de l'intérêt général, entre la toute-puissance du marché et la nécessaire intervention de l'Etat.

    A cet égard, les dérèglements observés dans la gestion de grandes multinationales (scandales concernant la rémunération des dirigeants ou la falsification des comptes) ont créé dans l'opinion une nouvelle attente qu'il convient de combler sans complexe.

    L'Etat républicain n'est pas seulement chargé d'établir des règles et de veiller au respect d'une stricte déontologie. Il est aussi parfaitement légitime à intervenir pour favoriser la constitution de grands groupes de taille internationale, quoi qu'en pensent les idéologues du marché. La solution récemment apportée au dossier Alstom en constitue une illustration éclatante. Il se doit aussi, lorsque l'emploi est menacé et la cohésion sociale minée, de participer au sauvetage économique de certaines entreprises.

    Face, enfin, au défi des délocalisations, le rôle de l'Etat est de convaincre nos partenaires que l'Union européenne doit promouvoir au sein de l'Organisation mondiale du commerce une autre logique. Une logique qui renouerait avec l'inspiration des pères fondateurs qui avaient instauré un tarif extérieur commun comme corollaire d'un espace de libre marché.

    Il s'agit en effet aujourd'hui non pas seulement de libéraliser le commerce international, mais aussi de protéger nos 450 millions d'habitants contre le "dumping" social pratiqué au mépris des droits élémentaires de leurs peuples par trop de pays émergents.

    Deuxième pilier républicain, l'égalité. Nous nous sommes depuis trop longtemps écartés des principes fondateurs qui ont permis, jadis, de promouvoir de nouvelles élites par l'accès gratuit et obligatoire à un système d'enseignement exigeant et respecté, d'assimiler des vagues successives d'immigrants auxquels l'adhésion au pacte social a été clairement et généreusement proposée, d'assurer la cohésion de la société par la promotion d'une laïcité respectueuse de la liberté des consciences et garante de la neutralité de l'Etat.

    La République doit aujourd'hui relever le défi de l'intégration en assumant pleinement une politique de maîtrise des flux migratoires, en donnant un vrai contenu au principe d'égalité des chances par l'engagement de moyens accrus au bénéfice des populations les plus en difficulté, en s'assignant l'objectif d'en finir avec des discriminations insupportables, en accordant toute sa place à un islam respectueux de nos valeurs. Ce que le Parlement a commencé à entreprendre pour rétablir la laïcité à l'école en adoptant à une très large majorité une loi simple, fixant des principes clairs, montre la direction à suivre.

    Le dernier pilier républicain, celui de la solidarité entre générations, entre bien-portants et malades, entre chômeurs et salariés, celui des droits sociaux affirmés par le préambule de la Constitution de 1946, est aussi le plus menacé.

    Entre les corporatismes, la défense illusoire de privilèges condamnés par les réalités d'un côté, le désir de certains de transférer au marché des pans entiers de notre protection sociale de l'autre, la République doit se frayer un chemin, faire des choix, prendre en compte les formidables progrès de la médecine, définir de nouvelles solidarités entre les générations ou entre personnes valides et personnes dépendantes.

    La solidarité dans la République ne saurait se confondre avec l'assistance et l'irresponsabilité. La solidarité véritable suppose que l'effort nécessaire pour assurer à l'avenir l'égalité devant la protection sociale et, en particulier, devant l'accès à des soins médicaux toujours plus performants, mais aussi plus coûteux, soit réparti entre tous, à la mesure des possibilités de chacun, comme l'y invitent les conclusions de la mission d'information que j'ai présidée dernièrement sur cette question à l'Assemblée nationale.

    Etre républicain aujourd'hui, c'est résister aux tentations individualistes, corporatistes, communautaristes de notre société. C'est assumer une appartenance qui transcende tous les clivages, qu'ils soient sociaux, culturels, religieux ou ethniques. Ce n'est pas s'accrocher à des valeurs passéistes, mais, au contraire, approfondir des principes porteurs d'un projet politique moderne.

    C'est, enfin, agir conscients que la République n'est totalement elle-même que lorsqu'elle s'incarne à l'extérieur dans une politique indépendante. Le renoncement à faire valoir ses valeurs sur la scène internationale ne conduirait pas seulement la France à se trouver à la remorque d'une puissance économique, militaire ou démographique extérieure, mais aussi à se soumettre à un modèle de civilisation qui n'est pas le nôtre.

    La République ne saurait être suiviste par mollesse, atlantiste par principe, neutre par lâcheté. Elle ne peut nouer d'alliances que dans le partage de ses valeurs les plus élevées, et dans le but de les défendre, conformément à sa vocation universaliste.

    Benjamin Stora

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  •  LES SANCTIONS ( Extrait de l'insurrection de Kabylie  par J.Olivier le 14/08/2014)

    La Grande Kabylie perdit l'autonomie qu'elle avait conservée après la conquête; les assemblées municipales ou "Djemaa" furent dépouillées de leurs attributions politiques. Les villages qui avaient pris une part active à l'insurrection durent payer une contribution de guerre de 32 millions de francs ( Environ 81 millions d'euros ) . Les individus furent moins sévèrement traités que les collectivités. Quelques centaines seulement, choisis parmi les plus compromis, furent traduits en cours d'assises sous l'inculpation de crimes de droit commun. Cheikh Haddad fut condamné à 5 ans de prison, Bou Mezrag à la peine de mort, commuée en en celle de la déportation.  Le statut mal défini des indigènes algériens fit que les sanctions appliquées aux insurgés furent doubles : - en tant que belligérants, ils se virent infliger des amendes, les terres des plus coupables furent frappées de séquestre, - comme sujets français, ils furent traduits individuellement devant les tribunaux. La première sanction fut le paiement d’une indemnité de guerre, fixée par fusil, qui rapporta au total plus de 36 millions de francs dont le recouvrement s’étendit jusqu’en 1890. Les tribus insurgées durent ensuite indemniser les familles de leurs victimes. Ce principe de responsabilité collective est inscrit dans le droit musulman et dans les kanoun berbères où la personnalité morale de la tribu prime toute personnalité individuelle. Le séquestre des terres s’étendit sur 446 000 hectares qui furent mis à la disposition des colons notamment des Alsaciens-Lorrains réfractaires des territoires cédés à l’Allemagne. Les sanctions judiciaires frappèrent quelque 400 personnes, 213 devant la cour d’assises de Constantine, le reste devant la cour d’assises d’Alger ou les tribunaux militaires. Pour éviter de faire apparaître l’incohérence et les bourdes du pouvoir civil après la chute de l’Empire, on en vint bien souvent, sans trop de résultat, à charger les «bureaux arabes», accusés d’avoir favorisé l’insurrection, plus que les insurgés eux-mêmes. On oublia souvent les services rendus par les chefs indigènes « fidèles », notamment ceux qui réussirent à soustraire des dizaines d’Européens à des massacres. Des ténors du barreau parisien, tels Jule Favre, se déplacèrent en Algérie. Les acquittements furent nombreux. Les condamnations à mort furent exceptionnelles et furent le plus souvent suivies de commutations de peine. 23 des auteurs du massacre de Palestro passèrent en justice, il y eut huit condamnations à mort dont trois furent exécutées. Pour l’affaire de Bou Saada, le tribunal militaire de Blida prononça 23 condamnations à mort dont 5 furent exécutées. Pour le sac de Rebeval d’avril 1871, 3 condamnations à mort sur 6 furent exécutées. Boumezrag, Ahmed Bey, Aziz et le caïd Ali furent déportés en Nouvelle Calédonie avec une centaine d’autres insurgés. Ils furent graciés en 1882, mais beaucoup restèrent dans l’île où ils constituent encore aujourd’hui une petite communauté vivace. Chikh-el-Haddad mourut en prison en 1873. En avril 1872, une commission d’officiers des affaires indigènes s’occupa de rapatrier sur l’Algérie les nombreux otages détenus en France. Le reste des Ouled Moqrane trouva refuge en Tunisie. L’insurrection de 1871 fut, d’un côté comme de l’autre, une immense tragédie où s’investirent des trésors d’héroïsme même s’il faut admettre que les goums et les spahis qui marchaient avec les Français n’ont pas toujours montré beaucoup d’ardeur au combat. Face à l’irrédentisme des tribus berbères, traditionnellement rebelles à toute forme d’autorité imposée, la politique coloniale ne cessait de se chercher au gré des changements politiques que connaissait la Métropole. Sur place, les autorités civiles qu’animait une idéologie républicaine « laïque » incomprise des élites musulmanes s’accordaient mal avec les « bureaux arabes » qui tentaient en vain de calmer le jeu. Aux assassinats des insurgés répond la répression souvent excessive de l’armée et les bavures incontrô- lées des milices européennes et de la troupe. Parler de nationalisme serait anachronique à une époque où le colonialisme, notamment français, est en pleine expansion. Le mouvement est populaire, religieux dans ses motivations, mais essentiellement kabyle et n’entraîne en aucune façon la partie arabophone majoritaire de la population indigène. D’ailleurs les « arabes » ne s’y reconnaissent pas plus aujourd’hui qu’à l’époque.

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  • DRA EL-MIZANE (8 avril-5 mai.)

    Situation politique du cercle de Dra-el-Mizane, au commencement d’avril. — L’oukil du tombeau de Ben-Abderrahmane-Bougoubrine. — Lettre du bachagha Moqrani — Les reqqab de Chikh-el-Haddad à la réunion d’Alma-Dinar (11 avril). — Nefra, sur le marché de Boghni (16 avril). — Pillage et destruction de l’usine à huile de Boghni (19 avril). — Marche de Mahmed-El-Djaadi sur Dra-el-Mizane. — Le miracle de Bougouberine. — Défection des Nezlioua. — Prise et destruction de Dra-el-Mizane ; retraite dans le bordj. — Blocus du bordj, du 20 avril au 6 mai. — Les deux canons de Boghni (27 avril).

    Au commencement d’avril, la situation était encore relativement bonne dans le cercle de Dra-el-Mizane, et, bien que les indigènes se fussent armés et groupés par soff, personne ne s’attendait à une insurrection de ce côté. Les anciennes tribus makhzène des Abid, Nezlioua, Harchaona, paraissaient sûres ; leurs chefs n’étaient pas des personnalités politiques, mais d’anciens mokhaznya rompus à l’obéissance et n’ayant contre nous aucun grief de nature à les inciter à faire alliance avec les O. Moqrane. Chez les Qbaïls, les notables des Djemaa, « les tê- tes de soff », étaient surtout préoccupés de ne pas se laisser dominer par l’élément religieux, qui, dans cette région, menaçait depuis longtemps d’absorber et d’annihiler les petits chefs locaux. Il y avait en effet, au milieu du pays, un sanctuaire célèbre : le tombeau, — ou plutôt l’un des deux tombeaux du grand saint kabyle, fondateur et patron de l’ordre religieux des khouans Hahmanya, Sidi-Mohammed-ben-Abderrahmane-Bougoubrine(1). ______________________________________________________________________ 1. Les Qbaïls sont certains d’avoir, en 1791, enterré aux Aït-Smaïl le vrai corps de Ben-Abderrahmane et d’avoir, par une garde rigoureuse, empêché toute substitution de  Depuis quatre-vingts ans, la garde de ce sanctuaire avait été l’objet de luttes nombreuses entre les descendants plus ou moins authentiques du saint et les moqaddems Rahmanya, qui, fi nalement, l’avaient emporté. Mais, comme la possession de ce sanctuaire par un moqaddem appartenant à un des soffs du pays avait jadis eu des inconvénients, nous étions intervenus, en 1860, pour confi er la garde du tombeau miraculeux à un moqaddem choisi hors du pays, et, d’ailleurs, agréé par Chikh-el-Haddad, qui l’avait imposé aux Aït-Smaïl(1). L’individu que nous avions reconnu comme oukil de la zaouïa de Bougoubrine était d’une famille maraboutique des Beni-Djaad, tribu voisine ; il se nommait El-hadj-Mahmed-ben-Mohamed-el-Djaadi. C’était un homme pieux, ami de la paix, très charitable, et qui, par sa sagesse et sa piété, avait se s’attirer la vénération de tous, en dépit des jaloux et des envieux qui convoitaient sa place. Son attitude vis-à-vis de nous avait été, pendant dix ans, des plus correctes, et, lorsque le bachagha Moqrani s’était révolté, il avait personnellement affi rmé son amour de la paix en combattant par la parole les fauteurs de désordre, et en usant de son autorité spirituelle pour empêcher les adhésions isolées à la cause des seigneurs de la Medjana. Sans cette intervention, les défections et les troubles eussent probablement commencé un mois plus tôt, car les Ouled-Moqrane avaient dans le pays des agents actifs, et même d’anciens amis, fi ls de ceux qui avaient connu et assisté le khalifat à l’époque du bey Ahmed. Dans l’ancienne confédération des Aït-Setka(2) notamment, les Ouled-Moqrane avaient de nombreux partisans : toute la fraction des ______________________________________________________________________ cadavre : ils ont, du reste, ouvert le tombeau et vérifi é l’authenticité du mort enseveli. Mais, pour les croyants, Dieu a permis que le corps du saint se dédoublât le lendemain de sa mort, afi n que des disciples, venus d’Alger, pussent emporter ce second corps qui fut inhumé en grande pompe au Hamma, cimetière musulman d’Alger (près le jardin d’essai). Depuis, les deux tombeaux sont l’objet de pèlerinages nombreux, et le saint a conservé l’épithète de « l’homme aux deux tombeaux (Bougoubrine). — Voir, pour plus de détails, Marabouts et Khouans, chap. XXX. 1, Il y a ici une légère divergence avec ce que l’auteur a dit, pages ‘58 et 459 du livre Marabouts et Khouans. De nouveaux renseignements lui ont permis de rectifi er ici ce qu’il avait écrit en 1884 sur la rivalité de Mohammed-ben-Djaadi avec Chikh-el-Haddad, rivalité qui a pu exister, mais qui avait cessé en 1860. 2. L’ancienne confédération des Aït-Setka compte sept tribus : louadiène (3,753 habitants) ; Aoukdal (2,300 h.) ; Aït-Ahmed (2,389 h.) ; Aït-Chabla (1,295 h.) ; Aït-Irguène (1,161 h.) ; Aït-Ali-ou-Illoul. (1,445 h.) ; Aït-Boucheunacha (1,766 h.) ; soit en 1871, pour les Aït-Setka, 14,109 habitants.  Aït-Ali-ou-Illoul leur était acquise, y compris l’amine-el-oumena Mohammed-lhaddadène ; le khodja de Boumezrag, Mohammed-ChérifNaït-Yahia, et un de ses meilleurs deïra, Ahmed-ou-Kaci-Naït-Kaci, étaient aussi de cette fraction. Dans les Aït-Chebla, Si-el-Mahfoud(1) était un ami particulier des Ouled-Moqrane ; il fut, dès les débuts, l’agent le plus actif et le correspondant assidu de la Medjana. Il avait signalé avec indignation au bacbagha, Moqrani la conduite de Si-Mahmed-el-Djaadi, qui, lorsqu’on parlait de djehad, prêchait la paix et la soumission aux Français, lui, le personnage religieux le plus en évidence dans le pays ! Si-Mahfoud était consterné et découragé. Le bachagha le réconforta par la lettre suivante : « ... Nous vous avons écrit pour vous apprendre que nous nous étions levés pour le djehad ; vous nous avez répondu. Votre lettre, nous est parvenue, nous l’avons lue : vous nous dites que vous tiendrez la parole que vous nous avez donnée, et que vous voulez vous insurger, mais que vous avez peur des Beni-Smaïl et de leur chikh(2) Mahmed-el-Djaadi, lequel, fort de l’appui de sa tribu, refuse de seconder vos projets, et les entrave en disant aux siens « Ne vous révoltez pas, gardez-vous de suivre les partisans du désordre, qui courent à une perte certaine ; jamais nous ne serons avec eux. » Lorsque vous avez entendu cela, votre ardeur s’est ralentie; c’est, en effet, une chose étrange ! Ce chikh et les autres devraient être les premiers à appeler les tribus au djehad et à se vouer au triomphe de la religion ! Et, cependant, c’est lui qui dit à tous qu’il ne résultera aucun bien de cela pour personne ! Quel langage ! Son cœur, certainement, déborde d’impiété. Il sera dévoré de remords. «Quant à vous, ô mes amis, si vous êtes fi dèles à la parole donnée, vous marcherez en masse sur Bordj-Boghni, puis tous vous vous porterez contre Dra-el-Mizane ; et, si le chikh El-hadj-Mahmed-el-Djaadi et sa tribu vous barrent le passage, frappez-les, tuez-les, et n’ayez aucune crainte, Dieu récompensera ses serviteurs... » L’oukil, gardien du tombeau de Bougoubrine, n’était pas le seul moqaddem hostile à la prise d’armes du bachagha ; tous ceux qui, sans ______________________________________________________________________ 1. Il y avait en 1871, appartenant à la tribu des Aït-Cherfa des Gechtoula de Drael-Mizane, un autre Si-el-Mahfoud-ben-el-Hadj, alors spahi et éclaireur prisonnier en Prusse. Si-el-Mahfoud-el-Chebli, l’ami de Moqrani, est mort en 1872. 2. Le mot chikh est ici employé dans le sens de chef religieux et est l’équivalent de moqaddem. 260 LA KHOUANNERIE arrière-pensée, étaient dans la main de Chikh-el-Haddad professaient les mêmes idées, et, parmi eux, on doit citer Rabia-ben-Ali-el-Amraoui, parent par alliance du chef de la zaouïa de Seddouq, la fois moqaddem et amine el-oumena des Mechtra depuis un an. Quand, le 9 avril, on sut que le djehad avait été proclamé à Seddouq, il y eut une grande émotion; mais les moqaddems restèrent, d’abord hésitants, et se contentèrent d’envoyer des émissaires à Seddouq, sans vouloir agir de suite, comme les incitaient les partisans des Ouled-Moqrane. Le 11 avril, deux reqqab de Chikh-el-Haddad arrivèrent chez Mahmed-el-Djaadi, porteurs de la proclamation du grand-maître de l’ordre. C’étaient le bachadel Si-Mohammed-Areski des Mechtra, et SiAkli-Naït-Bouzid des Aït-Mendès. Tous les moqaddems furent convoqués le soir même à Alma-Dinar. On y fi t la prière en commun, suivant le rituel de l’ordre, et on y lut la lettre de Chikh-el-Haddad, que les reqqab complétèrent par des instructions et des recommandations verbales de nature à entraîner les Qbaïls. Ils répétèrent les dires d’Aziz relatifs aux dépossessions probables et aux augmentations d’impôts que la France, ruinée, allait exiger d’eux pour payer les Prussiens. Puis, s’adressant à l’orgueil des moqaddems, ils les adjurèrent de profi ter des circonstances pour montrer à tous ces Qbaïls, si peu dévots et si parcimonieux dans leurs rares ziara, que les khouans, placés sous la direction des successeurs spirituels du grand saint kabyle dont ils possédaient le miraculeux tombeau, étaient, de par la volonté d’Allah et les mérites de son ouali Sidi-ben-Abderrahmane-Bougoubrine, autrement puissants et invincibles que tous ces marabouts locaux qui, en 1853(1) et 1857, n’avaient pas pu préserver le pays de la conquête française. Ahmed-el-Ounis, qui, pendant dix ans, avait été amine-el-oumena des Mechtra, et qui n’avait pu pardonner à Rabia-ben-Ali-el-Amraoui de l’avoir remplacé, parla de l’alliance et des succès de Moqrani, qui déjà avait détruit la ville de Bordj-bou-Arreridj ; il dit que c’était de ce côté qu’on devait prendre les ordres pour agir, et que la première chose à faire était de s’affi rmer en empêchant le marché et en saccageant l’usine de Boghni. A la fi n de la réunion, tous les moqaddems s’étaient engagés à entraîner leurs fractions dans le mouvement. ______________________________________________________________________ 1. La soumission des Aït-Setka fut, en 1853, l’œuvre personnelle du marabout et bachagha Sid-el-Djoudi.  Il fallut toutefois plusieurs séances pour se mettre d’accord sur ce qu’il y avait à faire; on craignait les tribus de l’ancien makhzène; les amines-el-oumena et les moqaddems se disputaient le commandement, et on ne voyait personne pour prendre la direction générale dies opérations à tenter. Le 16 avril, les partisans des O. Moqrane, trouvant que les choses ne marchaient pas assez vite, fi rent une nefra sur le marché de Boghni. Les indigènes refusèrent de payer les droits de place, et quelques coups de feu furent tirés sur les mokhaznya préposés à la surveillance ; mais le capitaine Thouverey, chef du bureau arabe, arriva aussitôt, et rétablit l’ordre. Le chef d’escadrons Moutz, commandant supérieur du cercle, fi t mettre en état de défense le village européen situé en contrebas du Bordj, et il prit ses dispositions en prévision d’une attaque qu’on lui annonçait comme imminente. Il fi t occuper le vieux bordj turc de Boghni par un offi cier et vingt-cinq zouaves, et fi t camper à proximité de l’usine Garo, établie sur ce point, les goums des tribus dont la fi délité lui paraissait certaine. Le mardi 18, les Maatka vinrent pour attaquer cette usine ; mais, la trouvant gardée, ils se retirèrent. Dans la soirée, l’amine-el-oumena Rabia-ben-Ali-el-Amraoui prévint les Européens que les Mechtra, conduits par Ahmed-el-Ounis, et grossis des Maatka, marchaient en force sur l’usine. Il offrit de conduire le gérant et les ouvriers au bordj de Boghni, près l’offi cier, et de rester lui-même avec ses khouans pour protéger l’établissement. Cette proposition fut acceptée, et les Européens partirent se réfugier au vieux bordj. En ce moment, le commandant supérieur recevait aussi avis de l’attaque projetée. Le bordj de Boghni n’était pas défendable, car il n’avait pas d’eau, et, avec ses vingt-cinq hommes, il ne pouvait rien protéger. Le commandant envoya immédiatement le goum faire rentrer le détachement et les ouvriers de l’usine. Le mouvement se fi t dans la nuit, et les clefs furent remises aux amines-el-oumena des Beni-Smaïl, Frikat et Mechtra, restés fi dèles. Quant à Rabia-ben-Ali(1), une fois sa conscience tranquille vis-à- vis des gens avec qui il avait eu de bonnes relations, il ne s’occupa plus de l’établissement. ______________________________________________________________________ 1. Rabia-ben-Ali-el-Amraoui fut condamné en Cour d’assises aux travaux forcés à perpétuité, Mahmed-el-Djaadi à la déportation. Le 19 avril, à trois heures, des bandes de gens des lgouchdal et des Maatka envahirent l’usine, bousculèrent les gardiens, et, après avoir pillé et saccagé tout le matériel, mirent le feu aux constructions. Dans la nuit du 19 au 20, El-Djaadi, voyant que s’il n’agit pas il va perdre sa prépondérance au profi t de l’élément laïque, fait allumer autour de sa zaouïa des feux de signaux par lesquels il fait connaître à ses moqaddems que, le lendemain matin, tous les khouans et tous les croyants doivent se réunir à lui pour commencer la guerre sainte. Le 20 au matin, quand plusieurs milliers de Qbaïls sont déjà arrivés en armes autour de la zaouïa, Mahmed-el-Djaadi, accompagné de l’amine-el-oumena des Aït-Smaïl, Mohammed-ou-el-hadj-Belgacem, qu’il a déjà fait reconnaître comme sou khalifat, sort de la mosquée suivi de nombreux khouans psalmodiant le dikr des Rhamanya. Il porte déployée la bannière de monseigneur Abderrahmane-Bougoubrine, sainte et véné- rée relique qui, depuis des années, couvrait le miraculeux tombeau. Sur l’ordre des moqaddems et des notables, les contingents armés se forment en une longue ligne qui barre toute la vallée eu vue de Drael-Mizane. Mahmed-el-Djaadi, grave, solennel, toujours suivi de son khalifat et de ses khouans, passe en revue les Qbaïls, et vérifi e leur groupement sous les ordres des moqaddems e t des amines agréés ou nommés par lui au nom d’Aziz. Là se trouvent : à la tête des Ifl issène-Imkirène(1) et Imzalène, le vieil amine-el-oumena Si-Ahmed-ben-Belgacem, encore vigoureux et plein d’entrain malgré ses quatre-vingts ans et sa cécité presque complète ; avec les Mechtra, le moqaddem et l’amine-el-oumena Rabiaben-Ali et le bachadel Mohammed-Areski ; puis Ahmed-ou-Lounis ; le caïd Ahmed-ben-Aïssa, jadis décoré pour fait de guerre, et commandant aujourd’hui contre nous la tribu des Harchaoua ; le caïd Mohammedben-Tobal, avec les Abid ; Ahmed-Amar-Amziane, àla tête d’un soff des des Nezlioua, et bien d’autres encore, dont Mahmed-el-Djaadi fait le ______________________________________________________________________ 1. Les Ifl issène (Flissa en arabe) étaient divisés en trois confédérations : 1° Les Ifl issène-el-Bahr, ou Flissa de la mer, au nord de Fort-National et sur le littoral, comprenaient les fractions des Aït-Zerara, Tifra, Aït-Ahmed, Aït-Zaouaou (5,800 habitants) ; 2° Les Ifl issène-Oum-el-Lill, autour de Bordj-Menaïel, tribu des Ben-Zamoun, offi ciellement dénommée Beni-Amrane et formant depuis 1868 (31 octobre) les quatre douars-communes des Beni-Chenacha, Oued-Chindeur, Rouafa, Beni-Mekla (8,520 habitants) ; 3° Les Ifl issène-Imkirène et Illissène-Imzalène des environs de Dra-el-Mizane (10,000 habitants), — entourent aujourd’hui le village de Tizi-Renif.  dénombrement, lançant d’une voix haute et vibrante les noms des chefs et les chiffres des contingents, puis psalmodiant ensuite, sur chaque groupe de combattants, une de ces courtes prières qui, par les mérites de monseigneur Ben-Aberrahmane-Bougoubrine, ouvrent sûrement le paradis aux vrais croyants. Sa revue terminée, Mahmed-el-Djaadi réunit les moqaddems et les chefs des groupes, qui, après quelques paroles échangées, reviennent annoncer à leurs troupes que l’on va marcher contre les Français. Cependant le commandant Moutz a rassemblé le goum de la grande tribu des Nezlioua, qui, à l’exception d’un de ses soffs, est restée groupée autour du bordj. Son caïd, le brave Ali-ben-Telaach, et se frères, guerriers renommés, sont à la tête de cette cavalerie, qui s’ébranle le fusil haut, et part avec entrain. En face, Mahmed-el-Djaadi, calme et impassible, marche lentement un peu eu avant des colonnes rebelles ; il porte toujours déployée la bannière de monseigneur Ben-Abderrahmane-Bougoubrine. Quelques pas encore, et notre goum, lancé ,au galop, va culbuter le porte-drapeau et son état-major de khouans, quand, soudain, nos cavaliers font cabrer leurs chevaux, s’arrêtent brusquement, sautent à terre et se précipitent pour embrasser la main ou le pan du bernous de Mahmed-el-Djaadi. A ce spectacle, les Qbaïls ont suspendu leur marche ; bon nombre de khouans sont convaincus que c’est la bannière du saint patron des Rahmanya qui a arrêté le goum au service des infi dèles ; et ceux qui savent que, la veille au soir, le caïd a eu une entrevue secrète avec le moqaddem, se gardent bien de parler. Mahmed-el-Djaadi, satisfait de l’effet produit, voudrait bien en rester là ; il parle de remettre au lendemain l’attaque des barricades, afi n d’avoir des contingents encore plus nombreux. Ahmed-ben-Telaach, frère du caïd, et moqaddem convaincu, insiste pour agir sans délai : il ne faut pas que les habitants de Dra-el-Mizane aient le temps d’achever leurs ouvrages de défense et d’organiser leur résistance. Son avis l’emporte, et on marche, cette fois, sur les cinq barricades qui ferment les rues du village. Des miliciens et quelques zouaves sont en arrière ; leur feu, bien dirigé, arrête les assaillants ; et, pendant que Mahmed-el-Djaadi se met en prière avec ses principaux khouans, les Ben-Telaach essayent de tourner l’obstacle, et vont passer ; avec leurs contingents, entre le village et le fort. La manœuvre est aperçue par le commandant Moutz, qui, aussitôt, fait sonner la retraite pour rappeler les défenseurs des barricades. Tous se replient sans encombre, sauf un gendarme et trois miliciens attardés à la défense de la caserne de la gendarmerie. Le cheval du gendarme est tué, les hommes sont entourés ; l’un d’eux, atteint de plusieurs coups de feu, tombe blessé et est achevé dans sa fuite. Les autres rentrent sains et saufs ; le village est aussitôt envahi, pillé, et en partie incendié sous le feu du fortin, feu qui reste sans grand effet, car El-Djaadi et Ben-Télaach ont prescrit de ne pas brûler les maisons de la rue en façade sur le bordj, et ils les font relier entre elles par des constructions rapides. En même temps, les murs sont crénelés et garnis des meilleurs tireurs du pays. Mais les rebelles, malgré leur nombre, n’osent se risquer à attaquer de vive force le bordj, qui, cependant, n’est défendu que par 150 hommes des zouaves et du train, quelques colons-miliciens et 27 indigènes, spahis, mokraznya, tirailleurs ou volontaires. Le 22, les rebelles envoyèrent un parlementaire offrant de laisser partir sans les inquiéter la garnison et les colons. Le parlementaire fut mis en prison, ce fut la seule réponse faite. La journée du 20 avril, qui fut celle où commença le blocus deDra-el-Mizane, est aussi la seule qui mérite d’être racontée. A partir de cette date jusqu’au 2 juin, jour où le fort est débloqué par le général Cérez, il ne se passa rien de bien remarquable. Ben-Djaadi a bien pu, un jour, entraîner tout le pays à une grande démonstration contre les Français, mais c’est un homme de zaouïa, qui ne sait que prier, pontifi er et parler. Il n’a pas le tempérament guerrier, et personne dans le pays n’est en situation d’être reconnu comme chef suprême des forces insurrectionnelles. Les anciennes tribus makhzène suivent le mouvement sans enthousiasme ; elles le subissent, mais elles ne veulent ni ne peuvent le diriger ; elles sont suspectées à la fois par les Qbaïls, qui rêvent l’autonomie locale, et par les moqaddems, qui leur reprochent leur tiédeur religieuse et leurs compromissions avec les infi dèles ; les Nezlioua en particulier ont une attitude inquiétante ; tout ce qui n’est pas du soff des Ben-Telaach est dans le bordj ou pour les Français(1) ; les Ben-Telaach ______________________________________________________________________ 1. L’arrêté de séquestre du 7 décembre 1874, révisant les arrêtés précédents, après plusieurs enquêtes ne trouva comme gravement compromis que Slimane-ben-Telaach, ses deux fi ls et Amer-Naït-Chikh. Tous quatre furent séquestrés nominativement ; soixante-neuf autres nezliouïa furent nominativement exemptés de séquestre en raison de leur bonne conduite. — Le reste de la tribu, qui s’était soumis à l’apparition de la colonne Cérez, fut frappé de séquestre collectif.  sont des ambitieux et des étrangers peu sympathiques, que ni les moqaddems ni les Qbaïls ne veulent servir. Aux Harchaoua, même attitude ; deux individus seulement montrent du zèle pour le djehad SiSghir-ben-Madjoub et Aïssa-ben-Rabah(1) ; les autres sont tièdes et le caïd marche visiblement à contrecœur, ce qui ne l’empêche pas de bien se battre le cas échéant. Quant aux Abid, ils n’avaient jamais eu aucune cohésion et chacun agissait à sa guise. Dans chacune des fractions kabyles il y avait au moins deux ou trois personnes aspirant au commandement et ne voulant pas être en sous-ordre ; c’était partout : le moqaddem, puis l’amine-el-oumena en fonction, puis l’amine-el-oumena élu ou acclamé par un soff mécontent, puis un nombre variable d’énergumènes ou d’ambitieux que les documents offi ciels qualifi ent de chef des rebelles de la fraction, instigateur, meneur, agent de Moqrani, agent de Chikh-el-Haddad, etc. En résumé, les indigènes devant Dra-el-Mizane n’eurent pas de chef ou plutôt en eurent trop ; leur accord se borna à organiser des tours de service pour maintenir étroitement le blocus. Le plus énergique et le plus actif des rebelles fut encore l’amineel-oumena des Ifl issène, Si-Mohammed-bel-Belgacem, un octogénaire presque aveugle. Ce fut lui qui fi t enlever, dans les ruines du fort Turc de Boghni, deux vieux canons hors de service et des boulets abandonnés là depuis la conquête. Avec un chariot de colon, laissé chez lui en dépôt, il fi t un affût ; avec des rouleaux et des madriers pris dans le village, il fi nit par mettre les deux pièces en batterie, le 27 au soir ; alors, après avoir dans la journée renouvelé à la garnison les propositions d’évacuation, les rebelles commencèrent le soir même à envoyer leurs coups de canon sur le bordj. Pendant toute la durée du blocus, ils tirèrent avec ces pièces jusqu’à trente-deux coups. Les très rares boulets qui arrivèrent dans le bordj n’avaient aucune force ; ils ne causèrent ni dégâts ni blessures, et, un jour, dans une sortie faite par la garnison, non pas pour atteindre un ennemi invisible et circonspect ; mais pour faire du bois, une des deux pièces restée sans gardien fut enclouée. Tout le blocus se borna donc à l’échange de coups de fusil isolés entre les meilleurs tireurs du bordj et ceux des tribus. Un des plus ______________________________________________________________________ 1. Seuls ces deux indigènes furent frappés de séquestre nominatif par arrêté recti- fi catif du 23 janvier 1875, qui spécifi a que le caïd Ahmed-ben-Aïssa, en raison des services rendus pendant l’insurrection (à la colonne Cérez), ne resterait frappé, comme le reste de sa tribu, que du séquestre collectif. adroits était Amar-ben-Telaach, le plus jeune des frères du caïd des Nezlioua. Il s’était procuré un chassepot provenant de quelque spahi déserteur, et, embusqué à 1,200 mètres du bordj, il tirait avec une rare adresse sur tous les défenseurs qui se montraient à découvert. Deux colons(1) furent ainsi tués, alors qu’ils étaient montés sur les parapets des bastions. D’ailleurs, sauf la réclusion et l’impossibilité où on était, vu le petit nombre de défenseurs, de faire des sorties alors que les masses ennemies campaient à plus de 2,000 mètres du bordj, le blocus ne fut pas très pénible. On ne manqua d’aucune des choses essentielles à la vie, et la meilleure harmonie ne cessa de régner entre les assiégés(2). ______________________________________________________________________ 1. MM. Oustry père et Blasca. 2. La suite des faits relatifs à la région de Dra-el-Mizane se trouve au livre III, chapitre II : AUTOUR DU HAMZA, et chapitre V : DANS LE DJURDJURA.

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  • Mechtras : Les villageois célèbrent la Zerda de Sidi Salem Ou Makhlouf

    Tighilt perpétue la tradition

     

    Pour rejoindre le mausolée de Sidi Salem, au village Tighilt, dans la commune de Mechtras, il y a plusieurs chemins.

    Celui que l’on nous a indiqué prenait racine à partir des 4 chemins au chef-lieu communal. Pour y arriver, il faut quelques minutes puisque le mausolée n’est loin que de quelques centaines de mètres. La route est comme partout ailleurs dégradée et étroite, la pollution saute aux yeux. Qu’à cela ne tienne, puisque ce n’est pas là, l’ordre du jour. En avançant, des processions de personnes, femmes, hommes, enfants, se dirigent vers le mausolée du saint. Les bénédictions des sages du village se faisaient entendre. L’affluence est nombreuse. «C’est la zerda du cheikh Sidi Salem», nous disait un jeune garçon qui a bien voulu nous montrer le chemin. En Arrivant, les organisateurs ont tenu à nous faire goûter leur couscous à la viande de bœuf. «Il faut d’abord manger et goûter à la baraka de Sidi Salem. Ensuite, on répondra à toute vos questions», insistera Mr Ejkouane. Le repas fut pris et nous avons bien sûr cherché après les organisateurs qui nous ont conduits dans un coin tranquille. À la question de savoir qui est Sidi Salem, Mr Haroun Mouloud, un des organisateurs répondra : «Sidi Salem Ou Makhlouf était dans un premier temps petit berger chez une famille du village, il était venu vers la fin des années 1600. La légende raconte qu’il était toujours berger jusqu’à ce qu’il soit vu par une petite fille qui l’accompagnait se faire épouiller par des perdrix alors que son troupeau était gardé par un tigre. La fillette n’a pas pu garder le silence et a raconté ce qu’elle a vu à son père, qui décida d’interdire au saint de garder de nouveau le troupeau. Le saint non content maudit la famille de ne jamais avoir de filles du nom de Ouerdia (car la petite qui a raconté le secret s’appelait Ouerdia) et s’envola pour ne plus revenir. Depuis et à ce jour, la famille en question n’a jamais donné ce nom à leurs filles». Questionné sur l’organisation de cette Zerda, Amirouche, un autre organisateur, indiquera : «Cette Zerda se tient toujours vers la fin du mois de Radjeb, et ce, depuis fort longtemps. Les anciens du village, en arrivant à proximité du mausolée, descendent de leurs montures en guise de respect. Les mariées, les pèlerins et même les enfants circoncis rendaient toujours visite au site». Concernant les sources de financement, Ammi Saïd nous apprendra : «Nous ne comptons que sur les villageois. Les habitants cotisent et offrent des dons. Pour l’organisation de l’événement, nous tenons des assemblées générales et consultons les plus anciens non seulement par respect mais pour aussi bénéficier de leur expérience». Signalons que, cette année, un taureau et une dizaine d’agneaux ont été offerts par les villageois et ont été immolés pour la circonstance. Les «locaux» ainsi que les visiteurs auront tous droit aux repas offerts pendant les 2 jours que dure la fête. «Les handicapés, les vielles personnes et ceux qui ne pourront pas effectuer le déplacement auront leur part qui leur sera acheminée jusqu’à chez eux», précisera Ammi Saïd. Rappelons que vers la fin de la fête, les villageois iront en procession vers la première habitation construite dans le village de Tighilt, où se liront la Fatiha et les daawates El Khir, en attendant la prochaine Zerda qui se tiendra l’année prochaine à la même période.

    Hocine T.

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  • Source:
    Recueil des Notices et mémoires de la Société Achéologique
    Historique et Géographique
    54ème volume de la collection années 1922 1923
    Constantine.




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  •                                                    L'Exhérédation des femmes Kabyles
    Vous pouvez lire dans les détails cet épineux problème qui a été à l'origine de l'éclatement de conflits belliqueux entre villages et archs de Kabylie. Brièvement, des Kabyles pour subvenir à leurs familles furent contraints de louer leurs services aux Reis corsaires d'Alger. Beaucoups furent arrétés et emprisonnés en Espagne. Dès le moments qu'ils furent portés disparus, on les avaient cru morts, leurs femmes en Kabylie se furent crues devenues veuves, avaient épousé d'autres hommes en secondes noces. 
    Mais, coup de théatre ! En 1767, à la faveur d'un traité conclu entre la Régence d'Alger et l'Etat espagnole, les Kabyles captifs furent libérés. De retour chez eux à leurs domiciles, où on les avaient cru morts, ils y auraient trouvé femmes remariées et biens dispersés; situation grosse de conflits meurtriers entre familles, villages et meme entre archs. Cette situation fut vite maitrisée lors du célèbre conclave, à l'innitiative d'un descendant des At Lqadi, Boukhtouche (en kabyle : Bu Wextuc : l'homme à la lance), qui se déroula précisément sous l'olivier que vous voyez sur la photo, à la place du Marché de ǧmeɛ n Sariǧ, où pour éviter que des situations conflictuelles similaires ne se renouvellent plus, car elles mettent à mal la cohésion des Tamawyin (confédérations) kabyles, on décida de l'exhérédation des femmes, comme mesure préventive des conflits ravageurs, mais à charge que celles-ci, en cas de divorce, puissent retrouver leur foyer paternel, et recouvrir pleinement du droit d'héritage tant qu'elles demeurent veuves. S'elles se remarient, elles perdent automatiquement leurs droits d'héritage.
    Alors, pour sceller cet accord 2confédéral" et mémoriser les actes de ce conclave, une « pierre salique », que vous pouvez voir sur cette photo, fut alors dressée sur la place du Marché sous l'olivier, et porta longtemps le témoignage de cette mesure.

    Djemaâ Saharidj, de l’Antiquité à nos jours

     

    Djurdjura.over-blog.net

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  • Yazid Makdoud a partagé la publication de Abdelkrim Haouari.

    Abdelkrim Haouari 13 h

    · "Je n’ai jamais entendu un prêtre injurier ou maudire les musulmans dans sa prière, de l’autre côté, nombreux sont les prêcheurs de la prière du vendredi qui ne cachent pas leurs discours diffusés à travers des haut-parleurs plantés sur les toits et les terrasses, discours insultant les chrétiens, les juifs et les athées. Des cinq prières des mosquées jusqu’aux prières sur les morts aux cimetières, les musulmans arrivent à tolérer ces prêcheurs qui n’arrêtent pas d’insulter directement les croyants d’autres religions sans refus ni indignation. Et c’est malheureux ! ...."

    Amin Zaoui

    Et le malheur est d'autant plus grand , de voir tout ce que compte ce pays de lettrés,de cultivés, d'universitaires , souvent d' intellectuels,écouter en silence ces prêches haineux, dénués de toute logique et rationalité, se soumettre à l'autorité d'un imam inculte, sans broncher, sans oser le moindre signe de désapprobation.

    Quand la mosquée devient une caserne !: Toute l'actualité sur liberte-algerie.com Quand la mosquée devient une caserne !

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  • Ali Elhadjen : « l’officialisation de Tamazight, donne l’espoir d’une ouverture de toutes les portes à l’Algérie, vers un avenir très brillant »

     
     
    Dans cet entretien,  Ali Elhadjen, poète et écrivain algérien d’expression amazighe, ouvre son cœur à infotime, et  nous parle de sa vie et son parcours avec la plume, ainsi que divers sujets d’actualité.

    infotime : Qui est Ali Elhadjen ?

    Tout d’abord, je tiens à remercier et saluer en même temps, l’équipe du Journal « Info Time » qui a pensé à moi. En ce qui me concerne, je suis né le 30 janvier 1941. Cette date vous dira que je suis bien né au début de la 2ème guerre mondiale. Ma famille n’était ni plus aisée ni plus malheureuse que les autres. En Octobre 1948 je suis rentré à l’école primaire où j’ai étudié durant 7 (sept) années. En Juin 1955 j’ai passé le certificat d’études primaires, et en octobre de la même année je me suis inscrit au Centre d’apprentissage de Tizi-Ouzou. Suivant l’exemple de mon frère ainé « Arezki », je me suis  engagé dans le ravitaillement des moudjahidines, puis en 1956 je me suis un peu plus engagé dans la lutte. Vers la mi-février 1956, Notre maison fut détruite par l’armée coloniale. Après  l’indépendance, les Colons ayant retiré leurs cadres, l’Algérie se trouvait dans une situation où il y avait un vide qu’il fallait tout de suite combler et le pays était dans le besoin. Pour cela nos dirigeants ont démarré avec les moyens de bord.  Alors avec un niveau aussi faible que le mien, par voie de concours, je me suis engagé dans le premier corps d’enseignants. Sept années après j’ai repris le métier de menuisier. C’était sans doute pour reconstruire un petit logis et entretenir une famille composée de femmes et d’enfants.

    infotime : Pouvez-vous nous raconter le début de  votre expérience avec l’écriture ?

    Mon premier poème, je l’ai composé en 1956. Il parle d’un hadj, chef d’un groupe, tombé au champ d’honneur et enterré au sud de Mechtras au lieu-dit « Tala Boumghar ».Vers 1970, j’ai écrit une cinquantaine de pages environ qui ont disparu avec mon déménagement. En 1979,  j’ai fait un autre essai qui a aussi disparu je ne sais comment.  En 1987, je suis entré en contact avec « lexwan » ou fidèles qui chantaient des chansons religieuses au cours des veillées funèbres (tradition pour tenir compagnie aux proches du défunt, la plupart du temps jusqu’à l’aube). J’ai trouvé que tout est basé sur la bonne conduite et des paroles qui exhortent les gens à ne faire que du bien et à pardonner.  Je ne sais comment c’est venue, j’ai composé mon premier poème édité «  Ay ul-iw tezha ddunit ». Tout en accompagnant le groupe de fidèles là où il allait, les poèmes venaient à moi et je ne faisais qu’arranger certains mots. Et c’est toujours de la poésie religieuse. Quand au choix, il venait selon les situations que je vivais ou ce que j’observais.

    infotime : Avez-vous été encouragé ou découragé pour écrire?

    Durant les quinze premières années, j’ai été encouragé par deux fidèles qui étaient souvent à mes côtés pour me donner leurs avis sur ce qui concerne mon travail. Et ce n’est qu’après avoir connu l’édition El-Amel, que j’ai commencé à écrire avec beaucoup plus de volonté (bien sûr avant d’aller voir l’édition, j’ai lu le contenu de mon livre à quelques personnes qui ont apprécié mon travail). Puis au cours du premier festival en Septembre 2002, j’ai eu beaucoup d’encouragements  de la part du public à Tizi-Ouzou (Notamment de la part de Monsieur Hadj Mouhand Elhassene Alili).

    infotime : Pouvez- vous nous parlez de vos publication?

    Mon premier livre est intitulé «  Poèmes Religieux ». Édité par l’édition El-Amel, j’ai écrit un autre livre «Tudert d Usirem », qui a été pris en charge par le H.C.A. Il est édité en 2007 dans la collection Idlisen-nnegh.  Et  j’ai écrit d’autres ouvrages tels que « Aêekkar di ddunit » ou regard sur la vie, « Asiwel i Lehna » ou appel à la paix, « Abrid gher talwit » ou la route vers l’apaisement.

    Vers 2012 j’ai édité un C.D Financé et distribué (4000) par Cheikh Si hadj Mouhand Mohemed Tayeb ben Ali ; Cadre dans les services des  affaires Religieuses, qui a interprété le Coran vers la langue Amazighe. Dans mon C.D. j’ai fait graver 25 Poèmes  (actuellement en circulation) intitulé « Snat n tmerwin d Semmus( 25 ) isefra n ddin », ce qui veut dire 25 Poèmes Religieux.

    infotime : Avant la publication de votre premier livre avez-vous proposé des textes à des revues ou bien des journaux ?

    Non, j’ai été peut-être  un peu timide ou je manque de courage.

    infotime : Avez-vous participé à des concours littéraires ou bien à des manifestations culturelles?

    En ce qui concerne les concours, j’ai participé en chorale maintes fois avec deux groupes ; avec le premier « firqet n lmuminin », nous avons eu la chance de remporter le championnat d’Algérie. En 2013 le 5 Octobre, je fus invité par Radio-Soummam et ai eu un entretien au studio avec Monsieur Mehrouche. Après ça, j’ai été invité plusieurs fois à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, soit pour passer individuellement; réciter des poèmes, soit pour chanter en chorale avec un groupe de fidèles, et été invité en d’autres circonstances telles que « Yenneyer n imazighen »Puis à Bouira lors des salons du livre par le H.CA.  Puis à Boumerdès et à Alger, Enfin, je fus invité un peu partout aussi lors de la remise des prix à Sidi Ali ou Yahia…

    infotime : Ecrivez-vous des choses que vous ne montrez à Personne ?

    Tout ce que j’écris, est destiné à être lu par ceux qui voudraient bien le lire; je publierais tout mes écrits.

    infotime : Que pensez-vous à propos de l’officialisation de Tamazight ?

    Le jour de l’officialisation de« Tamazight »est la 3ème meilleure journée de ma vie. La première meilleure journée, est le premier Novembre 1954; journée où tout le peuple s’est mis d’accord qu’il est bien Algérien, et refuse d’être maltraité par des colons, qui lui suppriment beaucoup de ses droits, alors il a décidé d’arracher sa liberté, en faisant parler les armes (puisqu’il le fallait)  contre le Colon.

    La Deuxième, c’est la victoire par laquelle s’est soldée cette lutte qui a abouti à l’indépendance le 5 Juillet 1962; le drapeau Algérien flottait librement de l’est à l’ouest et du Nord au Sud; le peuple fêtait, uni, cet événement tant attendu. La Troisième journée c’est celle de l’officialisation de Tamazight en tant que langue Nationale et Officielle; une journée qui donne l’espoir d’une ouverture de toutes les portes à l’Algérie vers un avenir très brillant.

    infotime: Que va porter pour vous cette officialisation en tant que poète et écrivain en Tamazight ?

    Cette officialisation nous permettra de communiquer plus facilement avec le ou les peuples où « tamazight »sera enseigné. Et j’aurai l’occasion de distribuer beaucoup plus de livres, et le plus grand apport sera la compréhension entre toutes les régions, du point de vue littéraire, traditions…etc.

    infotime : Vos Projets à l’avenir :

    Editer quelques livres déjà prêts et un CD de 27 Chansons intitulé « Ddker d Cna ». Si je trouve encore quelqu’un qui puisse m’aider. Puis achever et réviser les deux Romans ;   « Tawacult n Da Amar » et « Tasebart».

    infotime : Un mot pour conclure.

    Tout ce qu’on entreprend doit être sérieusement étudié, il doit être dans l’intérêt du peuple voire même des peuples. La conscience est  la base.

                                                                                                                   Toufik LARBANI 

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