• Histoire et géographie.

    Mechtras est une ville algérienne, située dans le daïra de Boghni et la wilaya de Tizi Ouzou.
    La ville s'étend sur 17,4 km² et compte 12 683 habitants depuis le dernier recensement de la population. La densité de population est de 730,6 habitants par km² sur la ville.
    Entourée par Aït Mahmoud, Tizi N'Tleta et Assi Youcef, Mechtras est située à 4 km au nord-ouest d'Assi Youcef la plus grande ville des environs.
    Située à 389 mètres d'altitude, la ville de Mechtras a pour coordonnées géographiques Latitude: 36° 32' 41'' nord
    Longitude: 4° 0' 18'' est.
    Le maire de Mechtras se nomme Omar Cheballah.

    Emile Zola
    Au cours des siècles, l'histoire des peuples n'est qu'une leçon de mutuelle tolérance, si bien que le rêve final sera de les ramener tous à l'universelle fraternité, de les noyer tous dans une commune tendresse, pour les sauver tous le plus possible de la commune douleur. Et, de notre temps, se haïr et se mordre, parce qu'on n'a pas le crâne absolument construit de même, commence à être la plus monstrueuse des folies.
  • La réponse de #Bennai_Ouali à #Ali_Yahia Abdennour quand ce dernier lui annonce sa condamnation par le #CCE (Comité de coordination et d’exécution). Instance suprême du front de libération national #FLN) ,durant la guerre de libération nationale (1954/1962).

    Bennai Ouali, victime du CCE.


    « J’ai intégré, dit-il, la mort dans mon existence, elle est une réalité qui m’a suivi comme une ombre dans ma militante clandestine. Le nationalisme libérateur, plutôt le patriotisme, m’a conduit aux formes les plus sublimes du dévouement, de l’abnégation et du sacrifice. L’histoire de notre pays a été fertilisé depuis des millénaires par le sang des meilleurs de ses fils .Le mien se situe dans la continuité de cette grande histoire, écrite par le sang des martyrs tombés dans les stratégies .il ya toujours un prix à payer pour ses idées, ses convictions tôt ou tard. Je refuse de m’incliner devant cette condamnation à mort, illégal et illégitime, sans procès et remuerai ciel et terre pour la combattre. Sur la voie du sacrifice ou m’ont procédé mes compagnons, particulièrement Amar Ould Hamouda, il ne saurai être pour moi de reculer sans faillir et sans souiller leur mémoire. En qualifiant les militants qui se réclament de berbérité d’obstacles à la révolution, et on les assimilant, comme l’a fait le congrès de la Soummam, aux Messalistes, donc à des traitres, leur exécution est légitimée. Mettre sur le même plan ceux qu’ils appellent « berbéristes », qui ne sont en fait que des berbères qui qui défendent la berbérité présent sur le théâtre des opérations sur tout le territoire national et en France, depuis le 1er novembre 1954, et les messalistes qui combattent les armes à la main la révolution, cela relève non pas de la provocation mais de la psychiatrie. La décision prise par le congrès de la Soummam est une menace pour tous les militants qui luttent pour défendre et promouvoir l’Amazighité. L’effusion de sang ne s’arrêtera pas pour promouvoir le panarabisme. Hier Amar Ould Hamouda, aujourd’hui moi, demain tous les autres ! Très nombreux sont les militants du mouvement berbère qui seront exécutés de façon sommaire. Il aura encore demain, et même après l’indépendance du pays, des larmes et du sang pour la mise en œuvre de la vraie identité nationale.

    Il y a les contradictions des cinq membres du CCE.

    Tous anciens cadres du

    PPA/MTLD…………………………..Les trois drames que je vis sont : le colonialisme , le culte de la personnalité de Messali ,l’arbitraire et l’injustice du

    CCE…………………………………..Pour le CCE mon cadavre est déjà là ,mais il ne l’a pas encore enterré…………………………..Je revendique tout mon passé qui a un sens , si je peux choisir ,sachant ce qui peut et doit arriver , je continuerai à suivre la même voix , avec la même conviction , la même attitude , le même comportement

    ………………… Si tu rencontres Abane Ramdane tu lui dirais de ma part qu’en creusant ma tombe, tu creuse aussi la tienne ».


    Extrait du livre de Ali Yahia Abdennour « La crise berbère de 1949 ».

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  • Etat niminatif des propriétaires concernés par le séquestre.

    Mechtras sous le séquestre / 1857.

    Mechtras sous le séquestre / 1857.

    Mechtras sous le séquestre / 1857.

    Mechtras sous le séquestre / 1857.

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  • LA KABYLIE ET LA DÉMOCRATIE

    Ernest renan, historien, philosophe et écrivain français(1823-1892) disait après avoir lu Hanoteau et De Letourneux dans « La Kabylie et les coutumes kabyles », que « L’organisation politique kabyle représente l’idéal de la démocratie, telle que l’ont rêvé nos utopistes. »

    De tout temps, la Kabylie a vécu selon une organisation qui n’a rien à envier aux démocraties occidentales. Le village(tadart), la tribu (el aarch) étaient régis par une assemblée (Agraw ou tajmat terme arabe) . Elle était composée des hommes majeurs, quelle que soit leur situation socio-économique, qui élisaient un amin ou amoqran en berbère et un ukil pour l’assister. L’amoqran dirigeait les débats,  prenait note(oralement) des décisions pour leur application. L’amoqran et l’oukil devaient appartenir à deux clans différents, pour un équilibre des pouvoirs, faire un contre poids. C’était l’ukil qui tenait la caisse. Ces deux personnes n’étaient pas rémunérées et pouvaient être destituées à tout moment, pour manquement, il n’y avait pas de mandat. Il n’y avait pas de juge dans cette organisation, les décisions étaient prises à l’unanimité.

    Cette assemblée émettait souverainement les règles de vie à respecter, pour la cohésion du village. Tout comme l’amoqran et l’ukil, elles pouvaient être changées ou adaptées à l’unanimité à tout moment, selon l’évolution de la vie et des besoins. Les règles n’étaient pas transcrites, chacun les retenaient oralement, c’est peut-être pour ça qu’elles n’étaient pas rigides. Dans l’assemblée les vieillards étaient particulièrement écoutés, pour leur expérience et leur sagesse. Selon le code d’honneur les meurtres étaient vengés par les liens du sang. Mais l’accusé pouvait demander pardon devant l’assemblée, et même si celui-ci lui était accordé par la famille, il était exclu de la communauté. Sinon la peine de mort était prohibée par l’assemblée, elle n’était prononcée qu’en cas de haute trahison, mettant en péril toute la communauté. Et même dans ce cas il y avait la possibilité d’implorer le pardon. Sinon pour les vols par exemple, on punissait en exigeant le remboursement de dix fois ce qui a été volé. Pendant ce temps chez les musulmans on coupait les mains et en Angleterre on pendait. L’assemblée avait aussi un rôle social.

    Elle organisait aussi tiwizi (action de solidarité), selon les besoins de la population et des individus. Il s’agissait de se solidariser, de se mettre ensemble pour réaliser des tâches communes ou aider quelqu’un. Le village kabyle était déjà animé d’un esprit municipal (gestion et administration d’une commune) et de civisme. Les citoyens vivaient selon les règles promulguées par la collectivité, donc acceptées de tous. C’est ça qui faisait sa force. Toutes les invasions et occupations étrangères qu’a connues la région, ont essayé de détruire cette organisation pour la remplacer par les leurs. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle leurs a toutes résistées.

    Avec l’invasion arabe, c’était une organisation plutôt théocratie, la population devant vivre selon les lois coraniques véhiculées par le marabout. On sait que les Turcs en Algérie, ont imposé une organisation de type féodal (caïds, bach aghas, beys et deys), sauf en Kabylie. La preuve ils n’ont pas réussi à s’y implanter vraiment, ils se sont contentés de construire des Bordj (forts), comme celui de Sébaou, Boghni pour vivre en autarcie. Ils n’ont même pas réussi à imposer le payement de l’impôt, comme s’était le cas dans le reste de l’Algérie. Pour la simple raison que la Kabylie avait sa propre organisation. Elle a résisté jusqu’à leur départ en 1830. La politique française qui consistait à mettre en place des caïds, grands seigneurs pour gouverner des populations habituées à une gestion démocratique, et des cadis pour juger, ce que faisaient habituellement l’Agraw (l’assemblée du village) avait échoué. Les Kabyles ont réagi à la promulgation de la « législation berbère » et l’ont rejetée, même si elle était inspirée des coutumes kabyles.

    C’est de là que naquit « Le mythe berbère », caractérisé par les valeurs de démocratie et de liberté, mais surtout « le mythe kabyle ».  Il désignait un certain nombre de valeurs inexistantes ailleurs. Il y avait l’habitude de travail du kabyle(car il vivait du travail), ses notions de libertés, l’honneur (reconnaissance de chacun et rejet du mépris), l’islam plutôt superficiel qu’il pratiquait ( donc plus libre à l’égard de la religion). Dès les débuts de l’occupation française, il fut distingué du reste de la population algérienne. Il était qualifié d’économe, d’audacieux, de rusé, de pragmatique et de réaliste. Mais c’était surtout l’organisation sociale et politique qui frappa les sociologues et anthropologues de l’époque. Les coutumes kabyles avaient indéniablement un caractère démocratique. Gilbert Grandguillaume écrivait dans l’un de ses articles de son site à ce propos, que « le mythe kabyle est une origine et un corpus de valeurs, qui circulent dans la mémoire et la langue… » Il va même plus loin en considérant que ce mythe, fonde un dynamisme qui la fait bouger. Et de se demander « Quel dynamisme insufflerait aujourd’hui à la société algérienne globale, la présence d’un tel mythe ? »

    Certains écrits reconnaissent implicitement, que les Kabyles se présentent comme les premiers démocrates du monde. Ce n’est pas par hasard si la population a gardé sa langue malgré toutes les occupations; qu’ils mirent en quarantaine les Turcs, dont la présence n’était qu’à quelques endroits; qu’il a fallu aux français 40 ans pour occuper la Kabylie, et que les premiers hommes à se battre contre le colonialisme étaient kabyles. Le mythe kabyle, croyaient les Français, faisait de lui un homme plus facilement assimilable. Assimiler le kabyle allait aider pour le reste de la population algérienne. C’est ainsi que les premiers émigrés furent des kabyles, scolarisés cela donna vite des élites. Mais ils se trompaient. Le Kabyle par ce mythe, devenait encore plus farouche quand la liberté et la dignité étaient touchées. Même après l’indépendance, ils restent les seuls à se battre pour imposer la démocratie, et la reconnaissance de leur identité. Depuis 1962, toutes les politiques du pouvoir étaient fondées sur la destruction du mythe kabyle. Par ailleurs la chanson kabyle est la seule à être engagée, et beaucoup de chanteurs ont eu des problèmes avec les autorités à un moment ou un autre. Et surtout, surtout, les Kabyles n’ont jamais cessé de rejeter toutes les élections, parce qu’ils savent qu’elles ne sont pas démocratiques, qu’elles ne servent qu’à cautionner un système et légitimer un pouvoir.

    On ne peut parler de démocratie, sans évoquer la place de la femme. Dans les assemblées (Agraw ou Tajmat) de villages, il a été relevé que sa participation est avérée et incontestable. Ce n’est qu’à partir du 18ème siècle, que la femme kabyle a cessé de siéger directement dans les tajmaat. Avec la conquête à cause des massacres, des viols, sa situation s’est dégradée. C’est un exemple frappant des bienfaits de la colonisation. Les hommes se sont mit à enfermer, cacher leurs femmes, leurs filles et leurs sœurs pour les protéger. Les Turcs qui n’étaient présents qu’à certains endroits (en plaine et sur la côte), recherchaient des unions avec des femmes kabyles pour s’approprier leurs terres. C’est à cause de cela que l’exhérédation des femmes commença, et le mariage endogamique était favorisé. Cela aussi a concouru à sa dévalorisation. La femme kabyle ne se voilait pas non plus, le haïk est apparu dans les villes, pour échapper au harcèlement des soldats de tout bord. Il a disparu peu à peu après l’indépendance.

    Néanmoins, son absence lors des assemblées, ne signifiait nullement qu’elle n’avait plus son mot à dire. Les maris consultaient leurs femmes et tenaient compte de leurs avis, qu’ils transmettaient lors des réunions. La femme kabyle était la pièce maîtresse de la famille. Ses attributions étaient plus nombreuses que celles de l’homme. En plus des tâches ménagères (cuisine, mouture des grains, fabrication du beurre) et de l’éducation des enfants, elle avait un rôle économique essentiel. Elle travaillait aux champs, elle tissait les habits pour toute la famille, les « tizarvyine »(couvertures) pour la literie, elle fabriquait les ustensiles de cuisine…  Ce statut lui conférait même, une certaine autorité, qui rappelle quelque peu les sociétés matriarcales.

    Pour en revenir à agraw ou tajmaat, qu’en est -il aujourd’hui? Jusqu’aux années 70 il n’y avait pas un village qui n’avait pas encore la sienne, qui continuait à gérer les affaires du village. Mais depuis, leurs prérogatives ont diminué jusqu’à disparaître. Dans la majorité des villages, à la faveur de la promulgation en 1989 de la loi sur les associations, des comités de villages ou de quartiers selon la taille de la cité, ont prit la relève. Ceux ci n’ont aucune autorité morale, ne fonctionnent pas selon les même règles, et surtout ne sont sollicités que rarement pour le règlement des conflits, des litiges… laissé au soin de la justice. Jusqu’aux années 70, les tribunaux en Kabylie avaient très peux d’affaires à juger, grâce à tajmaat. Seuls les cas les plus délicats leurs parvenaient. Aujourd’hui les dossiers s’empilent et l’attente peut durer plusieurs mois. Quant à la gestion des affaires de la cité, elle est assurée par l’assemblée populaire communale. Fort heureusement certains villages, notamment ceux où ils n’existent pas encore une autorité civile ou militaire représentant l’état, continuent à fonctionner comme il y a des siècles, selon la démocratie kabyle.

    Par Mus

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  • Par DDK | 31 Octobre 2018 

    MOHAMED ZAHZOUH, ancien officier de l’ALN

    «Quand Amirouche débarquait au Djurdjura…»

     

    Dans cet entretien, M. Zahzouh Mohamed, sous-lieutenant de l’ALN en 1962, revient sur les grandes batailles livrées par la compagnie du Djurdjura et sur les moments importants qui marquèrent son engagement dans les rangs de l’ALN alors qu’il n’avait que dix-neuf ans, dans son village natal d’Ath El-Kaïd.

     

    La Dépêche de Kabylie : Racontez-nous comment votre village a participé à la guerre de libération…
    M. Zahzouh Mohamed : Quand la guerre de libération nationale éclata, j’étais encore jeune. Mais je me souviens qu’un premier noyau de résistants était déjà formé politiquement dans notre village et n’attendait que le jour J pour prendre part à cette lutte. Ces militants parlaient déjà des révoltes au Maroc et en Tunisie. 22 d’Ighil Imoula, 3 d’Ath Ergane, 3 d’Ath Bouadou et 2 autres d’Ath Bouchnecha prirent part, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, à des actions spectaculaires contre des intérêts coloniaux. Certains militants d’avant 1954 ont reculé, mais, petit à petit, beaucoup d’autres ont rejoint les rangs.

    Et par la suite ?
    Les premiers maquisards commencèrent à organiser la société et à recruter des jeunes. Beaucoup de Moudjahine ont témoigné que la lutte pour la libération du pays fut menée à 90% par des jeunes. A la fin de 1955, des jeunes, qui étaient dans les rangs de l’armée française et qui sont rentrés en permission, ont rejoint les rangs de notre armée, au mois de septembre. Je citerai entre autres Slimane Arezki, Salem Agad, Chabane Rabah, Chabane Irghane. Mais, je dirai que durant les deux premières années de la révolution, nous n’avions pas de force. Alors, nos moudjahidine procédèrent par des embuscades. La première embuscade tendue à l’armée française eut lieu le 8 août 1955 à Ighil Oumenchar du côté de Maâtkas. Elle s’était soldée par la mort de 18 soldats et la récupération de 18 armes.

    Parlez-nous de l’arrivée du colonel Amirouche au Djurdjura ?
    C’est en septembre 1957 que Si Amirouche est arrivé au Djurdjura, plus précisément à Tala Guilef. Il y avait avec lui quelques responsables comme Aissa Bouda de Bordj Bou Arredj et Amar Bouta d’Agouni Gueghrane. Il rencontra de nombreux responsables dont Hocine d’Ighil Imoula, Arezki Slimane, Si Moh Said d’Ath Voughradène et bien d’autres. C’était pour réorganiser la situation et c’est ce qu’il fit. Puis, des armes nous arrivaient et Slimane Bouchnecha organisa la Katiba (compagnie) du Djurdjura. C’était une compagnie de choc. Un mois ou deux après, Si Amirouche dépêcha une section d’Oued Ksari où il y a avait Si Ali Bennour (lieutenant militaire). Si Amirouche donna l’ordre à la compagnie de mener une attaque contre les militaires qui descendaient de Tikjda pour ouvrir la route et avec eux environ 50 à 60 prisonniers. C’était le 4 décembre 1957. Mais, celle-ci fut annulée parce que nous savions que ce n’était pas évident de sortir avec les prisonniers dans un terrain nu car l’aviation française allait nous bombarder si nous venions à réussir le coup.

    D’autres embuscades durant cette année ?
    Bien sûr, deux jours après, nous arrivâmes à Ath Ergane. Après des contacts avec Slimane originaire de notre village, il y avait ce jour-là Ali Moh Naâli (Ali Bennour), Amar Bouta, Si Slimane et Rabah Temmar (décédé le 16 mai 2018). L’accrochage était contre les harkis. Il fut soldé par la mort de 8 à 10 soldats, selon le témoignage d’un militaire français (Jean Fort). Une autre fois, ce fut à Tikjda le 7 décembre 1957 où décéda Ahmed El Hocine que nous avons enterré dans un ravin en allant à Tamda Ouguelmine. Bon, il y en eu a d’autres. Nous étions à Tala Guilef, entre 300 et 350 moudjahidine (compagnie, sections, groupes). Là, l’armée française utilisa pour la première fois le napalm en août 1956. C’était aussi la première fois que Said Mammeri recourut à l’arme que nous avait donnée le colonel Amar Ouamrane de la wilaya 4. Ayant appris qu’un ratissage se préparait, nous avons alors pris la direction de Mechtras puis d’Ath Imghour, ensuite celle de Maâtkas où chaque section prit un lieu bien déterminé entre autres Ihasnaouène, Taqavlith… C’était aussi une grande bataille. Si Slimane tomba au champ d’honneur. Arrivés à Tala Guilef, Seddik Oumehfi fut désigné chef de compagnie. Dans un autre accrochage, à Iâzounène, nous avons tué 5 harkis et récupéré des vêtements et des armes.

    Dda Moh, combien de fois avez-vous eu l’occasion de rencontrer le colonel Amirouche ?
    La première fois, c’était en juin 1958. Je fus chargé à l’accueillir à Ath Ergane. La deuxième fois, ce fut au mois d’août de la même année. Nous l’avions accompagné jusqu’à Tala Guilef. Il avait rapporté ce jour-là un poste de transmission. Il disait que c’était fragile, mais nous n’avions rien compris. Il resta 3 jours avec nous. Dans son discours avant de partir, il insista sur trois points : «Une fois avoir nettoyé nos rangs, ce sera l’indépendance (allusion faite à la bleuite), à l’indépendance, il faudra être vigilants, et puis, il ne faut pas que l’ALN regagne les casernes», nous a-t-il dit. C’était un message très clair.

    Quand avez-vous été blessé ?
    Exactement le 12 septembre 1958. C’est un miracle que je sois encore vivant. Ce jour-là, nous avons attaqué une cinquantaine de camions à Ath Ouacifs. Nous l’avons fait même si nous n'étions pas nombreux. Beaucoup de militaires sont tombés des camions mais nous ne savions pas exactement leur nombre. C’est une vieille qui me découvrit caché sous des couvertures. Nous avions affaire à une force très bien équipée. De village en village, jusqu’à Darna, l’infirmier Si L’hachimi de Tala Athmane me soigna. Arrivés à l’Akfadou, un médecin, Si Ahmed Ben Abid, de Bordj Bou Arréridj me fit un plâtre. Je suis revenu à Lemsla et suis resté à l’infirmerie pendant deux mois, puis un mois à Akfadou. Tous les blessés furent transférés vers leurs régions après que Si Amirouche donna l’ordre de quitter les lieux parce qu’il apprit qu’il allait y avoir un grand ratissage à Akfadou. D’ailleurs, dès notre sortie de l’Akfadou, les avions entrèrent en action. A Taourit Amrous, je fis la connaissance d’Abderrahmane Mira en mai 1959. Si Amirouche avait fait une réunion importante le 28 février 1959 à Ath Ouabane où il donna l’ordre de diviser les bataillons parce que l’armée française préparait une grande opération. Et il annonça qu’il allait en Tunisie, d’où il ne revint pas. Il tomba au champ d’honneur le 29 mars 1959. Je participai encore à une embuscade à la fin de 1961 et ma dernière eut lieu dans notre village, le 11 mars 1962. Nous avions arrêté dix-sept harkis sans les tuer.

    Un mot sur l’opération Jumelles?
    L’opération jumelle était cette force annoncée par Si Amirouche. La wilaya 3, à cette époque, fut encerclée. La situation était difficile. Mais, les moudjahidine avaient la volonté de vaincre ou mourir. Environ 7 000 moudjahidine sont tombés au champ d’honneur. Mais cette opération nous donna la force de nous organiser en dépit des difficultés que rencontraient les djounouds dans les maquis où les armes commençaient à manquer. Nous avons rallié tous les villages et redéployé l'organisation. A partir de 1959, ce sont les femmes qui continuèrent la lutte. Nous continuâmes ainsi jusqu’à l’indépendance, comme nous nous l’étions juré et l’avions promis à nos chouhada.

    Quel est l’événement dont vous vous souvenez le mieux ?
    Ce sont les événements du 11 décembre 1960. C’était un tournant décisif. A l’indépendance, je rencontrai Krim Belkacem à Boghni avec Mohamed Moussaoui (dont le lycée d’Ait Yahia Moussa porte le nom). Krim Belkacem me confia que les manifestations du 11 décembre étaient un événement important dans la lutte armée pour l'indépendance. C'est à ce moment-là que nous sûmes que le peuple algérien allait arracher son indépendance très bientôt. Après ces manifestations, beaucoup des nôtres qui s’étaient rangés du côté français ont rejoint nos rangs.

    Un mot pour terminer…
    Je m’incline devant la mémoire des chouhada et de tous les moudjahidine décédés après 1962, notamment Rabah Temmar et Ali Goucem décédés cette année. Paix à leur âme. Durant la guerre de libération nationale, ils furent des héros. La révolution algérienne fut unique au monde. Nous avons cassé la 4e République et ce n’est pas De Gaulle qui nous a donné l’indépendance. Pourquoi ne l'a-t-il fait en mai 1945 ? C’est le peuple algérien qui arraché son indépendance. Les jeunes d'aujourd'hui doivent en être convaincus. Gloire à nos martyrs et vive l’Algérie. 
    Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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  • Massacre de Melouza 1 juin 1957 par le FLN

        Melouza est un bourg situé sur les hauts plateaux au nord de la ville de M'Sila, à la charnière du Constantinois et de la Kabylie, Algérie.

    Le massacre dMelouza fut un crime de masse perpétrée par le FLN contre les 303 habitants musulmans du village de Melouza (Mechta-Kasbah) en 1957 sous prétexte qu'ils soutenaient le mouvement indépendantiste MNA, rival du FLN. Par le biais de tracts de propagande, le FLN a accusé l'armée française d'avoir perpétré le massacre à sa place.

     

    Le FLN a tenté de faire porter la responsabilité du massacre à l'armée française parle biais d'un tract accusateur et mensonger :

    Original du Tract de propagande, du FLN document récupéré du 17/10/1957

     Un drame affreux vient d’ensanglanter la terre algérienne déjà si éprouvée par les crimes sans nom d’un colonialisme aux abois. Toute la population mâle du douar de Melouza a été sauvagement assassinée. Si ce carnage s’inscrit normalement dans la longue liste des crimes collectifs organisés avec préméditation et exécutés froidement par l’armée française dite de « pacification », il dépasse de beaucoup tout ce que tout esprit sain peut imaginer. Aux crimes délibérés s’ajoute cette fois une exploitation politique savamment orchestrée. [...] En fait, l’abominable machination politico-militaire tend à démontrer qu’avec le départ de la France, l’Algérie serait à feu et à sang. [...] C’est pourquoi, le F.L.N. peut s’adresser solennellement à la conscience universelle pour proclamer à la face du monde civilisé son indignation devant la sauvagerie de cette tuerie dont seule l’armée française assume l’entière responsabilité. »

    Dans le documentaire Les algériennes de Benjamin Stora, diffusé la première fois en septembre 1991 sur Antenne 2, le colonel Mohammedi Said reconnaît avoir donné l'ordre d'exécuter les villageois de Melouza. 

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  • La face cachée des accords d’Évian (18 mars 1962)

    par Issa Diakaridia Koné

    Michel J. Cuny m’avait fait part d’une phrase écrite par l’un des négociateurs et signataires français des accords d’Évian qui ont mis fin à la guerre d’indépendance menée par le peuple algérien contre l’État français. Il s’agit de Robert Buron, par ailleurs ministre des travaux publics, des transports et du tourisme (1958-1962). Voici cette phrase qui jette un éclairage un peu surprenant sur ce moment essentiel de l’histoire de l’Algérie :
    « Les clauses politiques constituent autant d’entraves à la mise en application, dès la proclamation de l’indépendance, du programme socialiste arrêté par le F.L.N. » (Robert Buron, Carnets politiques de la guerre d’Algérie, Cana, 2002, page 242)

    Le socialisme rendu plus ou moins impossible par les accords qui libéraient le peuple algérien de 132 années de domination étrangère (1830-1962)… Je dois dire que j’ai eu du mal de le croire…

    Une seule solution : aller voir moi-même ce qu’il y avait dans les accords d’Évian. En profiter, également, pour me renseigner sur ce parti algérien dont on parle aujourd’hui encore : le F.L.N – Front de Libération Nationale.

    Les accords d’Évian font d’abord face à une urgence : mettre fin, au plus vite, à des combats qui, sous l’impulsion de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) menée par le général Salan, tournent à une guerre civile interne à la France, entre ceux qui veulent, à tout prix, conserver l’Algérie française, et ceux qui considèrent désormais, comme Charles de Gaulle, que le moment est venu de traiter sur une position militaire relativement forte… C’est ce que traduira le contenu des accords d’Évian qui se révèlent être une sorte de facture adressée au peuple algérien. Ce divorce, qu’il veut tellement, il va en payer le prix.

    L’article premier de l’Accord de cessez-le-feu en Algérie est ainsi rédigé :
    « Il sera mis fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l’ensemble du territoire algérien le 19 mars 1962 à douze heures. » (Annuaire de l’Afrique du Nord, Algérie, 1962, page 654)

    Au-delà de l’Accord de cessez-le-feu, il y a une Déclaration générale, dont voici les deux premières phrases :
    « Le peuple français a, par le référendum du 8 janvier 1961, reconnu aux Algériens le droit de choisir, par voie d’une consultation au suffrage direct et universel, leur destin politique par rapport à la République française. Les pourparlers qui ont eu lieu à Evian du 7 mars au 18 mars 1962 entre le Gouvernement de la République et le F. L. N. ont abouti à la conclusion suivante. » (page 655)

    La démarche paraît être parfaitement démocratique : pour les deux pays, la population est consultée par référendum au suffrage direct et universel…

    En réalité, le déséquilibre est patent dès le départ : le peuple français « a reconnu le droit de choisir »… et il limite ce droit au fait, pour les Algériens, de devoir se prononcer selon un schéma qu’il leur impose : la « consultation au suffrage direct et universel »…

    Ensuite, je remarque que la France ne parle pas du G.P.R.A (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Elle feint d’avoir traité avec un parti, le FLN (Front de libération nationale). C’est-à-dire que, selon la puissance colonisatrice – qui double sa force étatique par le suffrage de toute sa population -, il n’y a pas en face d’elle le moindre État algérien, pour l’instant… Il reste l’administration française et coloniale en Algérie… C’est, en tout cas, ce qui est sous-entendu. Nous devrions en trouver les conséquences par la suite…

    Je poursuis ma lecture de la Déclaration générale qui ouvre les accords d’Évian :
    « La formation, à l’issue de l’autodétermination d’un Etat indépendant et souverain paraissant conforme aux réalités algériennes et, dans ces conditions, la coopération de la France et de l’Algérie répondant aux intérêts des deux pays, le Gouvernement français estime avec le F.L.N. que la solution de l’indépendance de l’Algérie en coopération avec la France est celle qui correspond à cette situation. » (page 656)

    Ici, la possibilité de la formation d’un État algérien indépendant et souverain apparaît : ce qui montre bien qu’il n’existe pas encore… Cette possible formation ne fait que paraître « conforme aux réalités algériennes ». Ce qui veut dire qu’un doute très fort subsiste quant à la capacité, pour cet État potentiel, d’être aussi bien « indépendant » que « souverain »…

    Et voici qu’en bonne logique de la domination d’un État français indubitable et d’un État algérien possible, c’est-à-dire « dans ces conditions » où le premier se doit de servir de tuteur au second, celui-ci devra se soumettre, pour son bien sans doute, à « la coopération de la France et de l’Algérie répondant aux intérêts des deux pays ».

    C’est donc seulement lesté de cette coopération qui fixe son statut d’élève de l’État français, que l’apprenti État algérien pourra recevoir un statut fait d’une indépendance et d’une souveraineté restreintes par une nécessaire prise en compte, outre ses intérêts propres, de ceux de la France dont la « coopération » se retrouve greffée sur l’indépendance octroyée à l’Algérie par le peuple français…

    Je crois que le F.L.N. n’a jamais été dupe de la chose… Et que certains de ses dirigeants en ont ressenti une grande colère.

    Issa Diakaridia Koné

     

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