• Omar Boudaoud

    Prototype du révolutionnaire moderne
     
    Omar Boudaoud

    Par Leïla Boukli
    Publié le 01 jui 2012
     
    Omar Boudaoud, chef de la fédération de France
     
    Omar Boudaoud est né en 1924 à Azroubar, un village de la commune de Tigzirt. Son père Boudaoud Ahmed Oua’mer décide d’émigrer dans les années 1910 en France pour aider sa famille, il regagne définitivement le pays en 1924 pour s’installer à Taourga ; reprend la huilerie qu’il possède à Boudjimaa et acquiert un terrain précédemment concédé au sieur Alexis, bénéficiaire de terres séquestrées. C’est à Taourga qu’il fait ces premières classes. Il garde de son enfance et adolescence, le souvenir de ses randonnées et parties de chasse dans des champs parsemés au printemps de mille et unes fleurs ; de mille et unes couleurs ; de petites sources fraîches, bien agréables durant les grandes chaleurs ; de la grande sagesse du cheikh d’el Djemaâ, le vieux Mahieddine, pour trancher les conflits et litiges du village; du son des tebabla, musiciens traditionnels animant mariages et circoncisions, des matchs de lutte improvisés entre tel village ou tel autre. En somme, une enfance et adolescence heureuse parmi les siens. La luxuriante nature environnante qu’il aimait tant détermine peut-être le choix de ses études futures. Il opte pour l’agriculture, passe avec succès le concours d’entrée à l’Ecole d’arboriculture, sise au village Mechtras à une centaine de kilomètres de Taourga, puis, après un stage pratique dans le domaine « Larmentière » à Annaba, il regagne son village en 1942 . Il s’attelle, une année durant, à la mise en valeur de la propriété familiale, qu’il transformera en un très beau verger, que son père et ses jeunes frères entretiendront plus tard. Révolté par les exactions et l’injustice ambiante, il ne tardera pas à s’engager dans l’action militante. Il rejoint très jeune le Parti du peuple algérien (PPA). Arrêté après les évènements de 1945, il ralliera la France où il devient responsable de la Fédération de France de 1957 à 1962, puis le Maroc en 1957, pour devenir membre du Conseil de la révolution, membre de l’Assemblée constitutive après l’indépendance. Il préfère se retirer de la vie politique lors des évènements de 1965. Actuellement, il vit entre l’Allemagne et l’Algérie, qu’il a quittée avec sa petite famille durant la décennie noire. Un vibrant hommage lui a été rendu récemment à Alger lors d’une activité baptisée « Forum de la mémoire » à l’initiative de l’association Machaal Echahid à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. La salle était comble, d’anciens compagnons, personnalités ou tout simplement ami(e)s étaient présents. Nous l’avons rencontré. « Cet hommage m’a d’autant plus fait plaisir que je n’étais pas le seul à le recevoir, à travers moi, c’est l’action de toute l’émigration et de la Fédération de France du FLN jusqu’à l’indépendance, qui a été saluée. L’émigration a beaucoup donné à la Révolution. Elle a fourni un appréciable apport financier qui est le nerf de la guerre. Action énorme pour l’ALN à l’intérieur qui était à bout de souffle. Notre Révolution est une Révolution juste, à l’avant-garde de tous les pays et du tiers monde en particulier. Elle regroupait la justice, la démocratie et le sens des responsabilités sur les plans à la fois politique, social et militaire. C’est la seule révolution dans le monde qui a mené la guerre au cœur du pays qui lui faisait la guerre, c’est le seul pays qui a su la faire contre le pouvoir colonial de l’époque mais sans toucher à la quiétude du peuple français. Ce n’était pas facile de ne pas toucher à cette quiétude et de répondre aux directives strictes de la Fédération de France du FLN, parce que l’on savait ce que là-bas notre peuple endurait. Il fallait une organisation solide et c’est d’ailleurs ce qui nous a permis d’avoir beaucoup de soutien en France et en Europe. Le pouvoir colonial a toujours tenté de nous monter les uns contre les autres. Je me rappelle qu’en 1945, alors que j’étais aux mains de la police à Tizi Ouzou, le commissaire Havard est venu m’extraire de ma cellule, la veille du 26e jour de ma mise en liberté, pour me dire : ‘’Nous allons un peu discuter de politique, parce que vous n’êtes pas un bon nationaliste. Parce que vous voulez jeter les Français à la mer. Je ne suis pas contre, mais soyez juste. Il y a eu les Phéniciens, les Romains, puis il y a eu les Arabes et ensuite les Français. Jetez les Arabes à la mer, vous allez finir par les avoir sur la tête !’’ ‘’C’est là une chanson que l’on connaît depuis longtemps, diviser pour régner’’, lui ai-je répondu. Mon souhait, c’est que le fil conducteur de la politique d’aujourd’hui soit branché sur celui de la révolution de 1954. Parce que les jeunes sont très attentifs à ce qui s’est passé durant la guerre de libération. Ils recherchent leur histoire et c’est un bon signe. Les Algériens en Europe avaient un statut, au-dessus des Marocains et des Tunisiens. Ils avaient un statut spécial par rapport au passé. Il y avait le roi, Mohammed V au Maroc et un dey en Tunisie. En Algérie, il n’y avait plus rien, hormis la France. » Omar Boudaoud qui s’est marié dans la clandestinité en 1958 à une jeune étudiante allemande rencontrée fortuitement à Paris chez des amis, appelée Ingeburg, mais aussi Louisa et Margoton. Cette dernière a pris très vite fait et cause pour l’indépendance de l’Algérie. Elle s’engagea dans la révolution en qualité d’agent de liaison entre l’Allemagne et la France et apporta une aide efficace, dans le cadre de la logistique. Elle l’accompagnera avec beaucoup de courage et de détermination tout au long de son périlleux parcours. Six enfants scellent cette union entre Omar et Louisa qui parle aujourd'hui l’arabe couramment. Deux garçons, Farid et Karim, et 4 filles, Yamina, Halima, Safia et Linda, tous universitaires, ont comme leurs parents l’Algérie au cœur. Omar Boudaoud a couché ses mémoires dans son livre Du PPA au FLN, édité en 2007, par Casbah Editions.
     
     
     
     
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