• Hommage / 2013

     

    Par Hocine T. | 11 Novembre 2013 

    MECHTRAS - LE VILLAGE IHESNAOUEN N’A PAS OUBLIÉ

    Hommage aux chahids Saïd Djebari et Saïd Ameziane

    Les villageois d’Ihesnaouen, dans la commune de Mechtras, relevant de la daïra de Boghni au sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, ont vécu, samedi dernier, une journée mémorable et pleine d’émotion.

    L’association culturelle Tala Ouglidh et l’ONM locale ont organisé une grandiose cérémonie pour rendre un vibrant hommage, aux deux Chahid, fusillés par l’armée coloniale en janvier 1959. Il s’agit des martyrs Djebari Saïd et Ameziane Saïd. Deux glorieux révolutionnaires qui non seulement partageaient le même prénom, mais aussi le même destin. L’armée coloniale n’a pas trouvé mieux, pour annihiler leur détermination à lutter que de les exécuter au beau milieu de leur village et en présence de leurs familles et des villageois. Un crime odieux que les Mechtrassiens gardent encore en mémoire avec des séquelles indélébiles et inguérissables. Pour se remémorer cette scène tragique et rendre hommage aux deux Chahid, l’association Tala Ouglidh et l’ONM ont concocté un riche programme pour honorer leurs héros. Tôt dans la matinée du samedi, la placette du village fut envahie par une foule nombreuse, venue assister à la cérémonie. Après le dépôt d’une gerbe de fleurs sur les lieux même où ont été exécutés les deux héros et une minute de silence observée à leur mémoire, les Moudjahid et les Moudhahidates encore en vie sont montés sur la scène pour des témoignages ô combien émouvants. Des témoignages mettant en exergue le courage des deux martyres et leur engagement pour la libération du pays du joug colonial. Des poèmes rendant hommage aux Chahid de la glorieuse révolution ont été déclamés par l’animateur de la cérémonie. La troupe théâtrale a ensuite merveilleusement présenté l’émouvante scène de l’exécution des deux martyres. Certains présents n’ont pas pu retenir leurs larmes. La foule s’est ensuite ébranlée pour rejoindre l’école primaire, distante de plus d’un kilomètre, qui allait être baptisée au nom de feu Djebari Saïd. D’autres témoignages ont eu lieu sur place, à l’image de Nna Tassadit, une Moudjahida, encore en vie, qui a narré à la nombreuse assistance les souffrances, les sévices et la torture que lui ont fait subir les soldats français. Comme pour montrer la véracité de ses propos, elle n’a pas hésité à montrer les traces, sur son bras, de morsures des chiens que les soldats de l’armée coloniale ont lâchés sur elle. Une pièce théâtrale intitulée la femme du Chahid a été interprété par la troupe de la maison des jeunes de Mechtras. Enfin, une collation a été offerte aux présents et une séance de remise de cadeaux symboliques aux familles des deux Chahid et des participants a également eu lieu.

    M. Frik Ali, représentant de l’ONM et Moudjahid, qui a assisté à l’événement, nous dira que Saïd Djebari est né le 18 septembre 1927 à Mechtras. Après avoir suivi ses études primaires, il abandonne ses études et travaille comme agriculteur, jusqu’en 1949 où il adhéra au PPA. En 1955, il émigre en France et continue son combat. Vers la fin de la même année, il revient au pays et devient Moussebbel. En 1958, il prend le chemin du maquis et devient membre de l’ALN. Il a été capturé vivant par l’armée coloniale et fut exécuté à la place du village Ihesnaouen le 01/01/1959. Avant de mourir, il a eu le courage de prendre la parole et dire à sa mère, qui refusait de répondre aux militaires Français, «dis leurs je le connais, c’est mon fils, il s’appelle Djebari Saïd, avant de cracher sur ses bourreaux. Le Chahid a laissé une femme et deux enfants en bas âge». Concernant le second martyr, à savoir Ameziane Saïd, notre interlocuteur dira qu’il est né le 30 octobre1924 à Mechtras. Il devient Moussebel en 1956, avant de s’engager dans l’armée de libération nationale en juillet 58. Il a été capturé avec Djebari Saïd et exécuté le même jour, dans les mêmes conditions. Il a laissé 3 orphelines». Pour sa part, le maire de Mechtras nous dira à la fin de cérémonie : «Nous allons faire de notre mieux pour écrire l’histoire de la Révolution dans notre commune. Nous allons, au fur et à mesure, rendre hommage à tous les Chouhada de Mechtras. Il est de notre de devoir d’accomplir un travail de mémoire. Un peuple qui ne connait pas son histoire ne pourra jamais construire son avenir».

    Hocine T.

     

    « Par la main des femmes Boumheni ( Draa el mizan) La Kabylie et la guerre d'Algérie . »
    Partager via Gmail Yahoo!

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :