Au 2e jour de la 3e édition de la Fête de la plaquemine qu’organise l’association Tala Ouglid en étroite collaboration avec l’APC, l’ambiance est montée de plusieurs crans et l’affluence très importante.

Les stands et les étalages d’exposition de la plaquemine sont pris d’assaut par des centaines de visiteurs. Les artisans comme les exposants sont émerveillés par autant de visiteurs. Un des vendeurs de la plaquemine dira avec satisfaction : «j’ai écoulé toute ma marchandise en l’espace de quelques heures. Je dois rentrer pour ramener plus de plaquemine. Les organisateurs sont à féliciter pour cette espace mis gracieusement à notre disposition». Une des couturières qui a exposé ses robes Kabyles abondera dans le même sens : «les clients sont nombreux, ils veulent des robes simples et qui ne coûtent pas chers. Parfois, nous les satisfaisons et d’autres fois on leur donne nos coordonnées pour prendre attache avec nous et prendre en charge leurs commandes. Les organisateurs sont à féliciter et nous leur demandons de prolonger cet événement». Pour leur part, les visiteurs, venus des quatre coins de la wilaya, sont tous heureux de découvrir ce produit du terroir de Mechtras. Il faut dire que la plaquemine n’est pas très connue puisqu’elle n’est cultivée que dans les régions riches en ressource hydrique et chaude en été. Un fruit qui a plusieurs vertus selon les spécialistes en la matière. Ce fruit charnu renforce le système immunitaire, il entretient et répare le tissu de la peau, comme il combat le diabète et stimule le transit intestinal. Il aide aussi à lutter contre le cancer et le surpoids. Il réduit l’hypertension et surmonte la faiblesse, l’anémie et la carence en vitamine. La plaquemine est appelée aussi Kaki, elle est surtout cultivée en Asie depuis plus de 1 000 ans. Ce sont les Français qui l’ont introduite à Mechtras depuis plus de deux siècles. La chair de ce fruit est sucrée avec une consistance gélatineuse. Très riche en vitamine C, en carotène et en phosphore. C’est pourquoi il est prisé par les consommateurs. Pour revenir aux activités prévues durant la deuxième journée, les visiteurs ont été gâtés. En plus des expositions maintenues, il était question d’un vibrant hommage aux 27 fusillés de Mechtras, le 9 octobre 1958.

Vibrant hommage et témoignages émouvants

L’ambiance a baissé de plusieurs crans et le silence régna en maître des lieux lorsque l’animateur a commencé à parler des 27 fusillés par l’armée coloniale, le 9 octobre 1958. «Mechtras a payé une lourde tribu lors de la glorieuse révolution de novembre à l’instar, d’ailleurs, de tous les villages de la Kabylie. Le 9 octobre 1958, pour punir les Mechtrassiens de n’avoir pas voulu voter en septembre 1958, l’armée coloniale n’a pas trouvé mieux que la répression et la boucherie. C’est ainsi que l’armée du général De Gaule a fusillé 27 meilleurs hommes de Mechtras, après leur avoir fait subir les pires tortures et les pires atrocités». Une minute de silence fut observée et les couleurs nationales levées. M. Dahmani Amrane, âgé aujourd’hui de 77 ans et rescapé de la barbarie coloniale témoignera : «La France coloniale en voulait à la population de mechtras depuis le boycott des élections de septembre 58. Une semaine après, il y’a eu un attentat à Draâ El-Mizan. C’est là qu’elle a capturé deux combattants qui sont passés, malheureusement, aux aveux. Ils ont dénoncé les Moudjahidines de Mechtras. Notre localité a été du coup encerclé le 8 octobre 1958 et tous les hommes de Mechtras ont été faits prisonniers ici dans ce centre (actuel CFPA).
Il est inutile de parler de la torture qu’on nous a fait subir de jour comme de nuit, s’était l’enfer. La matinée du 9 octobre, on nous a fait monter dans un camion. Mais un des soldats m’a demandé de descendre par miracle, c’est ce qui explique ma présence ici avec vous, autrement, je serai tué comme mes 27 camarades de lutte. Nos parents sont venus nous chercher croyant que tous les prisonniers ont été fusillés. Aujourd’hui que nous jouissons de l’indépendance et de la liberté, nous remercions Dieu et surtout devons toujours avoir en mémoire ceux qui se sont donnés corps et âme pour que notre pays retrouve son indépendance. Gloire à nos martyres», terminera-t-il en émotion. L’histoire revisitée, on pouvait passer à l’activité suivante : le défilé de mode et le concours de miss plaquemine. Et les décibels recommencent à fuser.

Frik Racha élue miss Plaquemine

Les couturières de Mechtras ont su montrer leur talent, puisque plusieurs jeunes petites filles ont déambulé sur la scène toutes vêtues de robes Kabyles traditionnelles. Les jeunes filles étaient adorables, leurs habits davantage et leurs démarches sur la scène irréprochables. C’est croire qu’elles ont fait ça durant de longues années alors que c’est leur première participation. L’ensemble des jeunes mannequins ont été fortement applaudies par la nombreuse assistance. C’est ensuite le concours de miss plaquemine. 25 jeunes filles (âgées entre 12 et 15 ans) se sont succédées sur la scène. Leurs robes, leur beauté, leur sourire et leur démarche n’ont pas échappé au jury qui devra les départager. Les spectateurs ont été à chaque fois émerveillés par les prouesses des jeunes mannequins. Après délibération, le titre de troisième dauphine est revenu à Belounas Nadine, celui de la deuxième dauphine à Melle Idir Malika et enfin le titre de miss plaquemine a été emporté par l’adorable Frik Racha. Le maire de mechtras a eu l’insigne honneur de lui offrir l’écharpe de miss plaquemine. Miss plaquemine Racha du village Ihesnaouen, une fille de, seulement, 12 printemps et collégienne, elle nous dira, toute heureuse, «je suis vraiment heureuse d’avoir gagné ce titre pour ma première participation.
J’espère qu’il s’en suivra d’autres titres qui honoreront ma commune et ma Kabylie». Signalons que dans l’après-midi, un grand gala artistique en hommage à Kheloui lounas est prévu avec la participation de : Taleb Tahar, Ali Ideflaouen, Ouali Arezki et Abdellah Si Lekhel. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.

Hocine T