• DDK du 03 /01/ 2016

    Par DDK | Il ya 10 heures 51 minutes 

    Retour sur les funérailles de Hocine Aït Ahmed

    Historiques !

     

    Dans cette matinée de vendredi 1er janvier 2016, le chef-lieu communal de Mechtras ressemblait à tout sauf à une ville vivante. Quelque chose se passait. Les habitants n’osaient pas encore mettre le nez dehors. Ce n’était surtout pas à cause du réveillon ou à cause de la gueule de bois de la veille.

    Les gens, notamment ceux qui ne s’étaient pas rendus à l’enterrement du siècle, étaient tous coincés devant leurs écrans de télévision pour suivre les funérailles au détail près. Durant notre passage à Mechtras- notre point de départ-, nous n’avons entendu aucun souhait de bonne année, les quelques rares piétons de passage ne parlaient que de l’enterrement de Si El Hocine. Cette année, les fêtes de fin d’année ne se sont pas déroulées comme à l’accoutumée. La région, comme toute l’Algérie, a été endeuillée par la disparition du dernier historique qui allait justement être enterré le premier jour de l’an 2016. 10 heures, en compagnie d’un ami, la Chevrolet démarre, Tizi N’tléta puis Ouadhias et à travers la route de Takhoukht, on rejoint l’intersection menant vers Ath Ouacif et Aïn El Hammam (la montée de la tranchée), une distance de plus 15 kilomètres avalée en 30 minutes. En montant, à partir de l’intersection de Takhoukht, la circulation devenait de plus en plus dense. Les véhicules étaient immatriculés à Tizi-Ouzou, mais il y’avait beaucoup d’autres véhicules immatriculés à d’autres wilayas du pays. Les paysages sont beaux et la main du juif de la montagne du Djurdjura, orientée vers le ciel bleu, semblait dire adieu, comme l’a fait Si El Hocine dans un de ses posters affichés à travers toute la localité. C’est déjà comprendre que les funérailles sont nationales. À Aïn El Hammam, près de 15 kilomètres du village d’Ath Ahmed, c’est une autre histoire, des files de voitures à perte de vue. La circulation est bloquée, s’était avant midi. Les agents qui essayaient de régler la circulation ont fini par conseiller aux automobilistes de trouver un coin pour garer leurs voitures et poursuivre le chemin par car ou même à pied. Il restait encore quelques kilomètres pour atteindre le village de Dda El Hocine. Les pèlerins essayent de garer leurs voitures mais c’est tout simplement impossible. Tous les coins et recoins à travers Aïn El Hammam étaient occupés, aucun espace n’était libre, la ville aussi était saturée ! Ce qui a contraint des milliers de visiteurs, d’admirateurs de Hocine Aït Ahmed et de militants du front des forces socialistes, à rebrousser chemin. «Nous sommes venus de Boumerdès pour assister à l’enterrement de Dda L’Hocine, mais Ellah Ghaleb, Nous ne pouvons pas faire le trajet à pied et nous ne trouvons pas où garer notre véhicule», dira un homme frisant la soixantaine.

    Au village d’Aït Ahmed, c’est une marrée humaine

    La foule était tellement dense qu’aucune barrière n’a résisté et aucun service d’ordre n’a pu faire quelque chose, ni les organisateurs du village ni ceux du FFS et ni les services de sécurité, n’ont pu organiser la foule. Il faut dire que l’affluence a battu toutes les prévisions. Personne ne peut dire exactement le nombre de pèlerins venus rendre un dernier hommage et se recueillir sur la mémoire d’Aït Ahmed, des dizaines de milliers, des centaines de milliers ou des millions, il est quasi impossible de donner un chiffre proche de la réalité. Une chose est sûre, c’est que Dda L’Hocine, même mort, vient encore une fois de réussir la prouesse de réunir tous les algériens comme il l’a fait en 1954, au déclenchement de la glorieuse révolution de novembre. Le petit village d’Ath Ahmed a été phagocyté par la foule. Ni les appels du fédéral du FFS qui appelait à plus d’ordre et à plus d’organisation ni tous les mécanismes prévus n’ont pu contenir la foule. La dépouille d’Aït Ahmed a été réappropriée par le peuple. Ni la minute de silence ni la prière du mort et aucune oraison funèbre n’a été prononcée. Des milliers d’hommes voulant s’accaparer la dépouille de feu Dda El Hocine, ont retardé l’avancement de l’ambulance. Des cris berbères et des slogans du FFS fusaient de partout. Les algériens, toutes tendances confondues, criaient à gorge déployées «Assa azeka Aït Ahmed Yella yella», «Assa Azeka le FFS Yella Yella». C’est un miracle que les pompiers et notamment les membres de sa famille ont pu récupérer le corps et le mettre enfin en terre dans le mausolée de chikh Mohand à côté de sa mère. Désormais, Dda L’Hocine pouvait enfin se reposer après 70 ans de combat, de lutte et de militantisme acharnés. Repose en paix Dda El Hocine, vous le méritez bien.

    Hocine T

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